Il y a quelques semaines, Dani hantait, de sa présence évanescente et pourtant tellement charnelle, Pigalle, la nuit. "Duchesse" nocturne pour la saison 1 de cette série acclamée, la Catalane devenue bien plus qu'une Parisienne d'adoption complétait avec cette composition, en quelque sorte, son auto-portrait en femme capitale.
La visite guidée se poursuit en musique pour celle qui a quitté Perpignan à 19 ans, montant à Paris pour y faire les Beaux-Arts et une école d'esthéticienne, et y devenant de manière fulgurante mannequin, comédienne, chanteuse, reine. Par un prodigieux mimétisme, Danièle Graule va épouser cette ville, "la plus belle du monde" ("J'ai eu la chance de beaucoup voyager. J'ai vérifié", pose-t-elle), au point que son nom de scène calquera les deux syllabes de : Dani et Paris.
Près de 45 ans plus tard, et cinq ans après le dernier album de sa copieuse discographie (Laissez-moi rire), la sulfureuse héroïne s'est lancé le défi de décrire son Paris, au travers de l'album... Le Paris de Dani (Universal/AZ), à paraître le 23 mars 2010. Consciente de la dimension fusionnelle qui existe entre elle et son objet, l'égérie de Gainsbourg et de Daho a eu l'idée de solliciter des compagnons de longue date et des complices plus récents pour l'architecture, l'itinéraire et les jeux de lumière de cet album : Cali, François Bernheim, Jean-Jacques Burnel des Stranglers, Ronnie Bird, Mader, Jacques Duvall, Jean Fauque, Alain Chamfort, Pierre-Dominique Burgaud (ces deux derniers, en tandem, viennent de revisiter exquisément la vie de feu Yves Saint Laurent)...
"Je leur ai juste balancé une phrase : " Je voudrais une chanson sur Paris. " Ce qui m'intéressait, c'était la manière dont ces gens - que j'aime tant et qui me connaissent tous - me voient regarder Paris", indique l'ancienne meneuse de revue de l'Alcazar, qui a connu le tourbillon des nuits parisiennes et demeure aujourd'hui l'une des fleurs les plus voluptueuses et épineuses de la capitale - à ce titre, elle continue à embaumer la ville avec By Dani, son commerce de rose (anciennement Au nom de la rose), dont elle vient d'ouvrir une boutique à l'hôtel Costes.
Lumière de l'aube, amis perdus dans la nuit, ambitions et perdition, pluie d'automne, ciel d'été, promenades interminables et embouteillages énervés, dilemme rive gauche-rive droite, rêves de provinciaux et fantasmes d'étrangers, fidélité et oubli, monuments indifférents et foule pressée, tout est là. Elle est heureuse de retrouver dans son disque son émerveillement des premiers jours : "Quand je suis venue de Perpignan à Paris, je suis allée tout voir : l'Arc de Triomphe, la Tour Eiffel, le Louvre. Je suis allée partout à pied, en métro, en bus."
Maître d'oeuvre pointilleux et inspiré du Paris de Dani, Jean-Philippe Verdin, génie indé qui compte et que nous vous présentions à l'occasion de son travail sur la bande originale de la comédie LOL avec Sophie Marceau, signe cette fois la bande originale d'une ville, et d'une vie.
Paris osé, Paris rosé, Paris by Dani, Paris éternel... et Dani, qui sera toujours Dani.
Guillaume Joffroy