A défaut d'être élucidée, l'affaire Delphine Jubillar comporte son lot de rebondissements et certains sont déroutants. Disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, l'infirmière de Cagnac-les-Mines était en procédure de divorce avec son mari Cédric. Ce dernier a été mis en détention provisoire après six mois d'enquête, la justice estimant avoir suffisamment d'éléments pour le maintenir derrière les barreaux pendant que le travail des enquêteurs se poursuit. Clamant son innocence, il avait avancé que sa femme pouvait être en Espagne, soutenant la thèse d'un départ volontaire. Une femme de ce nom avait d'ailleurs été découverte dans le pays voisin de la France...
L'un des avocats de Cédric Jubillar, maître Jean-Baptiste Alary, s'était confié dans les colonnes de Femme Actuelle en juillet 2021. Il avançait notamment que la femme de son client avait pu partir de son plein gré à l'étranger, appuyant les propos du peintre-plaquiste lors de ses auditions avec les gendarmes, qui la décrivait comme démissionnaire du foyer depuis le confinement de mars 2020. L'avocat a ainsi déclaré : "Albi est à deux heures de route de l'Espagne, et ils n'ont même pas été demander les vidéos du péage. Elle aurait pu partir en Espagne de gré ou de force..." La piste d'un départ volontaire a bel et bien été étudiée par les autorités qui l'ont totalement écartée après avoir confirmé qu'il existait bien une Delphine Jubillar en Espagne, mais qu'il s'agissait d'une homonymie.
Pourquoi le fait que la femme de 33 ans puisse quitter de son propre chef sa famille n'a pas duré dans l'esprit de la justice ? Dominique Alzeari, à l'époque procureur de la République de Toulouse, avait évacué la thèse du départ volontaire lors d'une conférence de presse tenue le 18 juin 2021 : "C'est une disparition inquiétante, qui ne saurait être considérée comme volontaire. (...) Ce n'est pas normal qu'une mère de famille de deux enfants disparaisse en pleine nuit dans un petit village (...) C'est une personne qui va partir, si l'on croit ce qui nous est dit, avec un téléphone sans chargeur, sans son sac à main, ses lunettes ou les clés de son véhicule." Pour l'accusation qui s'appuie aussi sur l'expertise psychiatrique du suspect numéro 1, le mobile du coupable idéal est clair : il ne surmontait pas le fait de voir sa femme, son grand amour de jeunesse, lui échapper et être prête à refaire sa vie avec un autre.
Cédric Jubillar reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.