Aussi talentueux sur les parquets de la NBA lorsqu'il officiait sous les arceaux qu'incontrôlable en dehors des parquets où ils enchaînent les frasques, Dennis Rodman a une nouvelle fois surpris son monde en débarquant en Corée du Nord, le pays le plus fermé au monde et soumis à l'un des régimes totalitaires les plus durs de la planète.
Visite surprise en dictature
Cette visite dans un état où les famines sont courantes, où la population exsangue vit dans une pauvreté absolue, un pays mis au ban de la communauté internationale dirigé d'une main de fer par la famille des Kim depuis trois générations, est un évènement des plus improbables. Dennis Rodman, considéré comme l'un des meilleurs défenseurs et rebondeurs de l'histoire, sacré 5 fois champion NBA, a atterri ce mardi 26 février à Pyongyang, capitale désertée de l'état ermite pour une mission diplomatique d'une semaine découvre-t-on auprès de l'AFP. The Worm, qui signait il y a encore quelques jours son livre pour enfants dans une librairie américaine, a posé le pied en Corée du Nord en compagnie de personnalités du monde du basket, joueurs à la retraite ou en activité, coachs, ainsi que plusieurs joueurs des Harlem Globetrotters.
Dennis Rodman, fidèle à ses habitudes, a été accueilli sur place par le vice-président du comité national olympique nord-coréen, Son Kwang Ho, lunettes noires, casquette vissée sur la tête, tatouages, boucles d'oreilles et piercing apparents. Pour un état fermé au reste du monde où mêmes les coupes de cheveux sont règlementées, la dégaine de l'ancienne star de la NBA risque d'en étonner plus d'un. Cette visite mystérieuse a été organisée par la société de production new-yorkaise Vice, qui diffuse une émission sur HBO et qui pourrait faire de cette visite un documentaire. Elle pourrait également s'expliquer par le fait que le dirigeant tout puissant Kim Jong-Un (30 ans d'après sa biographie officielle) s'est passionné pour la NBA et Michael Jordan, partenaire de Dennis Rodman aux Bulls, lors de ses études en Suisse. Un petit caprice du leader nord-coréen moyennant finance selon les rumeurs, Dennis Rodman connaissant lui quelques difficultés d'argent.
Basketball, échange culturel et Gangnam style
Reste qu'officiellement, Dennis Rodman est en Corée du Nord pour organiser des rencontres avec des basketteurs locaux, des entraînements avec de jeunes Nord-Coréens et qu'en aucun cas il ne devrait s'occuper de politique, alors même que le troisième essai nucléaire de la Corée du Nord d'il y a deux semaines a ravivé les tensions au sein de la communauté internationale, tout comme la révélation récente de l'agrandissement des goulags du pays...
"C'est vrai, je suis en Corée du Nord", a indiqué The Worm sur son compte Twitter avant d'ajouter : "J'ai hâte de m'asseoir à côté de Kim Jong-Un." Quelques minutes après son arrivée, Dennis Rodman a profité de répit et d'une des rares connexions internet du pays pour abreuver son compte Twitter de messages : "Je suis venu en paix. J'adore les gens de Corée du Nord", "Ils adorent le basketball ici. Honoré de représenter les États-Unis d'Amérique", "Je ne suis pas un politicien. Kim Jon-Un et les Nord-Coréens sont des fans de basketball. J'aime tout le monde. Point final. Fin de l'histoire."
Les raisons de la venue de Dennis Rodman en Corée du Nord sont à chercher du coté de Vice, la société de production qui a envoyé tout ce joli monde dans un état aussi fermé. La délégation "va superviser une session d'entraînement de basket pour des enfants nord-coréens et participer à des matches pour encourager l'ouverture et de meilleures relations avec le monde extérieur", a ainsi justifié Shane Smith, fondateur de Vice.
"Est-il étrange d'envoyer les Harlem Globetotters et Dennis Rodman en Corée du Nord ? La réponse est oui, a-t-il ainsi répondu aux médias. Mais chercher des points communs sur un terrain de basket est une belle chose. Ce moyen d'échange culturel peut paraître peu conventionnel mais nous pensons qu'il est important de garder les frontières ouvertes." En attendant d'ouvrir les frontières, le groupe visitera des monuments nationaux à la gloire de la famille Kim, les studios d'animation SEK et la piste de skate de Pyongyang. "Peut-être que je vais croiser le mec qui a fait le Gangnam Style", a indiqué Dennis Rodman sur son compte Twitter, visiblement peu au fait que le chanteur Psy est originaire de Corée du Sud, officiellement en conflit avec la Corée du Nord...