L'Olympique de Marseille navigue en eaux troubles...
Une situation alarmante
Depuis le début de la saison, le club vice-champion de France enchaîne les mauvais résultats. Conséquence, le club occupe une piteuse neuvième place, quatorze points derrière le leader et rival historique, le Paris Saint-Germain version qatarie et ses multiples stars, en tribunes et sur le pré.
La propriétaire du club Margarita Louis-Dreyfus se dit même prête à vendre le club, fustige les résultats indignes des moyens investis avant de provoquer une réunion avec les joueurs et le staff. L'électrochoc n'a pourtant pas lieu, et si l'OM enchaîne quelques bons résultats face à des "petites" équipes, la manière n'y est pas. La fracture avec le public s'agrandit, et celui-ci n'hésite pas à demander la démission de Didier Deschamps, qui a pourtant offert six titres dont celui de Champion de France 2010 au peuple marseillais depuis son arrivée.
Les lamentations de Deschamps
Pourtant, peu à peu, les prestations marseillaises séduisent de plus en plus, comme ce match nul (0-0) obtenu ce mardi 1er novembre face aux Gunners d'Arsenal en Ligue des Champions, un match que les Olympiens auraient perdu auparavant. Mais c'est dans ce contexte-là qu'une guerre larvée a éclaté au sein du staff, entre Didier Deschamps l'entraîneur et José Anigo, directeur sportif et figure historique du club. Tout commence le vendredi 21 octobre, la veille du match Marseille-Ajaccio. En conférence d'avant-match, Didier Deschamps évoque de façon à peine voilée les difficultés qu'il rencontre au sein du club : "Je ne veux pas en rajouter. Il y a assez de choses compliquées. Je n'ai pas envie de rentrer dans des choses que vous savez, que je sais, que beaucoup de personnes savent. J'y reviendrai prochainement peut-être."
Guerre ouverte
Le champion du monde 98 ne vise personne en particulier, mais José Anigo, 50 ans, fidèle au poste depuis plus de 10 ans, le prend pour lui. Et la réponse de ce minot, figure emblématique de la génération 85 de gamins qui permit à l'OM de retrouver l'élite après un passage en deuxième division de plusieurs années, fut cinglante. "À la fin, ça suffit de toujours dire que c'est de la faute à Untel ou à Untel. Ça suffit de toujours se prendre pour Caliméro. Je vous promets que c'est fatigant de subir ce genre d'assauts. Ça glisse parce que j'ai de l'expérience. Mais ça m'agace. Dans la situation de notre équipe, déclarer des choses pareilles, c'est de l'irresponsabilité. De la connerie. Il vaut mieux tourner sa langue dans sa bouche sept fois que de dire de telles bêtises", enrageait ainsi un directeur sportif remonté en conférence de presse le lendemain malgré la victoire de l'OM sur Ajaccio 2-0.
Car visiblement, José Anigo n'apprécie pas l'influence d'un Didier Deschamps au sein de son club... Un Didier Deschamps qui ne tarda pas à réagir, outré des propos du directeur sportif de son club, d'autant plus que les deux hommes avaient eu une discussion en tête à tête la veille. "Jamais depuis que je suis dans le milieu professionnel, c'est-à-dire 27 ans, je n'ai pu entendre des propos injurieux à mon égard comme ça a été le cas (...) Je pense que personne ici n'a le monopole de l'amour de l'OM", déclarait-il au cours d'une conférence de presse organisée avant que Vincent Labrune, l'énigmatique président de l'OM, décide de sanctionner financièrement José Anigo et de rappeler tout le monde à l'ordre...
Une réputation sulfureuse
Dans un portrait qu'il lui consacre intitulé "Le Parrain se rebiffe", le magazine VSD décrit un homme sanguin et passionné, attaché viscéralement à l'OM. Deux fois entraîneur du club, il mena celui-ci à une improbable finale de l'UEFA perdue en 2004. Proche de ses joueurs, il "marche à l'affectif". L'hebdomadaire note que c'est "sa force, sa limite". Encore aujourd'hui, José Anigo se comporte plus comme un supporter que comme un dirigeant... Mais son influence diminuant alors même que celle de Didier Deschamps grandit, José Anigo se sent mis à l'écart.
Pourtant, l'homme a la réputation d'avoir un certain pouvoir au sein du club. Certains évoquent même ses liens avec "le milieu marseillais". Pour preuve, alors qu'il est entraîneur, José Anigo lance le jeune Thomas Deruda, "fils de Richard, fiché au grand banditisme et soupçonné d'avoir incité Jean Fernandez, l'entraîneur alors en poste, à quitter le banc de l'OM." Une décision surprenante, alors même que le jeune joueur n'a absolument pas le niveau requis pour l'élite. Mais José Anigo, né dans les quartiers nord de Marseille, ne s'est jamais caché de cette amitié dérangeante. Quant à son fils, Adrien Anigo, il a passé deux ans et demi en prison pour plusieurs histoires de braquages auxquels il aurait participé avec deux de ses amis...
Alors oui, José Anigo ne mâche pas ses mots et détonne dans le monde policé du football. Mais l'homme connaît parfaitement son affaire, le foot, et, bien évidemment, l'OM. Tout le monde s'accorde à dire que les résultats sportifs priment sur tout. Mais cette guerre larvée entre les deux hommes forts du club phocéen pourrait bien avoir des répercussions sur le plan sportif à l'avenir.
VSD, en kiosque le 3 novembre en kiosque