Depuis la fenêtre de son domicile, Djibril Cissé a une vue plongeante sur le Bataclan. Vendredi 13 novembre, alors que la barbarie opérait au sein de la salle de concert, le footballeur à la retraite était lui au Stade de France, où il a échappé à un autre carnage.
Pour moi, ce n'était rien
Ce soir-là, la terreur s'est abattue sur Paris et Saint-Denis. Alors que les rues de la capitale étaient la cible de plusieurs commandos de terroristes, trois kamikazes actionnaient leur ceinture explosive à proximité du Stade de France où se déroulait la rencontre France-Allemagne. Des détonations puissantes entendues depuis l'intérieur de l'enceinte, où l'on pensait avoir affaire à de gros pétards, les fameuses bombes agricoles comme l'explique Djibril Cissé, footeux à la retraite et éliminé de Danse avec les stars dès le premier soir.
"J'ai entendu les détonations, mais, pour moi, ce n'était rien. Des bombes agricoles, il y en a tout le temps à Bastia, encore plus en Grèce où j'ai passé deux saisons. Comme beaucoup de gens, j'ai réalisé lorsque les informations ont commencé à circuler", raconte-t-il dans une interview donnée au JDD. C'est Sandrine Quétier, assise à ses côtés, qui lui donnera les premières informations, alors que les attentats feront 129 morts et 352 blessés, mais "seulement" une victime en plus des trois terroristes aux abords du Stade de France.
Mais l'angoisse est effroyable pour Djibril Cissé. Son tout jeune fils Gabriel, né en mars dernier, fruit de son amour pour la belle Marie-Cécile, est chez eux, face au Bataclan où 89 personnes vont perdre la vie dans un massacre sans précédent. "J'ai eu peur car mon fils de 7 mois était chez nous. J'ai pu joindre rapidement la nounou, qui m'a décrit ce qu'elle voyait dans la rue : des gens qui couraient dans tous les sens et ont été abattus pour certains", raconte-t-il encore. Le quartier bouclé, c'est dans un hôtel que le Djib passera la nuit, loin de son petit Gabriel. "Lorsque nous avons pu rentrer chez nous le lendemain, je me suis précipité vers mon fils", ajoute-t-il, lui qui publiait alors un cliché de la salle du Bataclan au lendemain du drame, pris depuis chez lui, alors que la police scientifique s'affairait sur place.
Depuis, l'ancien joueur n'a pas arpenté les rues de son quartier. "Je préfère éviter tant que les stigmates des attentats sont visibles. Les voitures circulent à nouveau, les gens marchent dans les rues. La vie a repris, remarque-t-il tout de même. Nous avons peur, mais personne ne nous enlèvera notre façon de vivre ni notre façon de penser."
Quant à la rencontre de mardi soir, Angleterre-France, marquée par l'émotion d'une Marseillaise reprise par l'ensemble du public de Wembley, Anglais et Français confondus, le Djib reste persuadé que la bonne décision a été prise en le maintenant. Et de rendre hommage à Lassana Diarra, qui, malgré le deuil d'une cousine décédée durant les attentats, avait tenu à être présent et à jouer : "La dignité de Lassana Diarra est un exemple. Malgré le deuil de sa cousine, il ne se laisse pas aller et jouera ce soir pour lui rendre hommage. C'est un homme que je respecte beaucoup."