Blanchi le 23 août par la justice américaine, Dominique Strauss-Kahn a récupéré son passeport. Il peut rentrer en France mais après la comparution devant le juge Michael Obus qui lui a signifié l'abandon des poursuites qui pesaient contre lui suite aux accusations de Nafissatou Diallo, l'ancien ministre français avait déclaré avoir "encore quelques petites choses à faire avant de pouvoir partir", parmi lesquelles faire ses adieux au Fonds Monétaire International.
Nommé en novembre 2007 à la tête de cette institution, Dominique Strauss-Kahn avait dû démissionner de son poste de directeur général depuis sa cellule de la prison de Rikers Island où il était détenu suite à son arrestation à bord d'un vol Air France à New York le 14 mai dernier. Accompagné de sa fidèle épouse Anne Sinclair, DSK s'est rendu lundi au siège du FMI à Washington pour "dire au revoir". Les journalistes n'étaient pas autorisés à assister à cette rencontre de près de deux heures, mais selon deux témoins, cités par l'AFP, DSK a répété par trois fois : "Je suis venu ici pour m'excuser auprès de ceux qui ont été blessés par tout cette histoire [...] c'était une erreur de ma part [...] et je suis désolé des répercussions négatives que cela a eu pour cette institution." Il s'était déjà excusé publiquement auprès du personnel du FMI en 2008, après que son aventure extra-conjuguale avec Piroska Nagy qui travaillait avec lui, ait été dévoilée...
Selon un autre témoin interrogé par l'AFP, l'ancien directeur général a fait, à plusieurs reprises, l'éloge du personnel du Fonds, indiquant que ses années aux FMI avaient été "les plus intéressantes de [sa] carrière professionnelle". La rencontre, qui a réuni près de 700 personnes soit la moitié de l'effectif du Fonds à Washington, s'est déroulée dans une "ambiance très positive", avec prises de "photos" et ponctuer de forts "applaudissements".Dominique Strauss-Kahn a déclaré qu'il ne pouvait lui "trouver meilleur successeur que Christine Lagarde" qu'il a "rencontrée brièvement" avant de s'adresser aux employés.
Après cette visite, DSK et Anne Sinclair ont rejoint leur domicile de Washington au volant d'une Audi noire, qu'il conduisait lui-même.
Menaces et ripostes
Tandis que DSK savoure sa liberté retrouvée, ses avocats new-yorkais préviennent qu'ils n'excluaient pas de poursuivre Nafissatou Diallo, "si les attaques de ses avocats devenaient trop indignes" dans le cadre de la procédure au civil engagée par la femme de chambre. Benjamin Brafman et William Taylor ont fait savoir dans un entretien au Journal du Dimanche que "ce n'est pas l'intention de Dominique Strauss-Kahn" de conclure un accord avec la plaignante au civil dont l'objectif est d'obtenir des dommages et intérêts. William Taylor va plus loin : "Si ce sera l'enfer pour Dominique Strauss-Kahn, cela le sera aussi pour Nafissatou Diallo, à qui nous pourrons également poser de nombreuses questions (...). Nafissatou Diallo est une bien étrange personne qui a vécu des choses très 'bizarres' dans son existence. Je serais, par exemple, très curieux de savoir qu'elle est l'origine des fonds qui se trouvent sur son compte."
Les avocats de DSK ont par ailleurs critiqué la direction du Sofitel pour son manque de collaboration. Le groupe hôtelier Accor a de son côté fait savoir qu'il n'était pas question de mettre un terme au contrat de travail de Nafissatou Diallo.
Ténacité et déclarations chocs
En France, parmi ceux qui attendent le retour de Dominique Strauss-Kahn avec impatience, citons David Koubbi, l'avocat de Tristane Banon qui a déposé plainte pour tentative de viol contre DSK. Cet avocat ne lâche rien - il est même aller jusqu'à New York, une manoeuvre inattendue - et veut désormais l'audition, dans le cadre de l'enquête préliminaire ouvert le 8 juillet, de Piroska Nagy, cette ancienne économiste du FMI.
Au parti socialiste, tandis que les candidats à la primaire s'expriment toujours avec la plus grande prudence en ce qui concerne DSK, d'autres prennent moins de gants. C'est le cas de l'ancien premier ministre Michel Rocard qui lors d'une séquence du Grand journal, qui faisait lundi sa grande rentrée, n'a pas hésité à lancer : "Cet homme a visiblement une maladie mentale qui était une difficulté à maîtriser ses pulsions. Il est hors du coup, c'est dommage." Ça, c'est fait !
Dominique Strauss-Kahn a promis qu'il s'exprimerait "plus longuement" lorsqu'il sera de retour en France.