Tristane Banon a porté plainte contre Dominique Strauss-Kahn pour tentative de viol. Elle dénonce des faits qui se seraient déroulés en février 2003 alors qu'elle interviewe, dans un appartement parisien, l'ancien ministre socialiste pour son livre Erreurs avouées... (au masculin). Tristane Banon a été entendue lundi par la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) pendant cinq heures. Sa mère, Anne Mansouret, a été auditionnée mercredi pendant sept heures dans le cadre de l'enquête préliminaire et a soutenu la version de sa fille, en donnant "plusieurs éléments confidentiels à la police et notamment des noms" précise le site Marianne2.
Se faire mal un grand coup
La semaine dernière, Tristane Banon donnait une grande interview à L'Express dans laquelle elle revenait sur son mal-être depuis les faits et ses motivations pour, huit ans après, porter l'affaire devant les tribunaux. Hier, Mercredi 13 juillet, David Pujadas recueillait les premières déclarations télévisuelles de cette journaliste de 32 ans dans le cadre de son 20 heures.
Frêle, presque fragile, esquissant parfois un sourire mais déterminée, Tristane Banon répond une nouvelle fois à cette question : pourquoi porter plainte si tard ? "J'ai cru pendant huit ans pouvoir oublier et ranger tout ça dans une boîte (...) Ce n'est pas possible. Le seul moyen pour mettre un point final est de donner à la justice le rôle de décider." La jeune femme évoque tous ceux qui lui ont conseillé de ne pas porter plainte à l'époque, à commencer par sa mère qui le regrette aujourd'hui et vient de témoigner en sa faveur. Sa plainte était préparée depuis le 15 mai, au lendemain de l'arrestation de DSK dans le vol Air France en direction de Paris : "Comme à chaque fois que j'ai essayé d'oublier, cette histoire ressort. Le 15 mai, c'est la presse mondiale qui me tombe dessus. Comme en 2008 quand monsieur Strauss-Kahn a eu des problèmes au FMI (...) la grosse différence c'est que depuis un an et demi, j'avais un avocat dont je savais qu'il irait jusqu'au bout. J'ai pris le risque de me faire mal un grand coup mais de pouvoir me nettoyer."
David Pujadas interroge enfin la jeune femme sur sa réputation et son travail au sein de la mairie UMP de Boulogne : "Les gens qui me connaissent savent que je ne suis ni instable ni manipulée. J'ai 32 ans, je sais prendre mes décisions toute seule (...) il n'y a pas de manipulation, ni par l'UMP ni par qui que ce soit". Elle précise que son poste au conseil économique et social de Boulogne, sa "ville depuis 12 ans", est bénévole et qu'elle y a été nommée à l'"unanimité du conseil municipal gauche et droite réunies".
Les faits dénoncés par Tristane Banon, Dominique Strauss-Kahn les a qualifiés d'"imaginaires". Elle les avait publiquement évoqués dans une émission de Thierry Ardisson sur Paris Première en 2007. DSK, lui, a porté plainte pour dénonciation calomnieuse, une plainte qui ne sera étudiée qu'à la fin de l'enquête préliminaire ouverte suite à celle de la jeune femme.
L'enquête devrait se poursuivre, selon une exclusivité du site Marianne2.fr, par l'audition de Brigitte Guillemette, deuxième épouse de DSK, mère de Camille Strauss-Kahn qui soutient son père à New York. Brigitte Guillemette est également la marraine de Tristane Banon.
Une victime toujours invisible, un avocat bavard
Si, en France, Tristane Banon a par deux fois pris la parole, outre-Atlantique, la victime présumée du Sofitel, Nafissatou Diallo, est toujours invisible. Cette Guinéenne de 32 ans aurait dû donner mardi soir sa première conférence de presse, organisée par ses avocats pour prouver la force de son témoignage. Mise au courant, l'équipe du procureur Cyrus Vance a, selon Le Figaro, "immédiatement fait savoir qu'elle jugeait cette initiative très inopportune." D'autant plus que les deux parties ont demandé ensemble et obtenu, lundi, un report d'audience au 1er août pour "poursuivre les investigations".
À défaut de la victime, c'est la défense qui prend la parole mercredi soir. William Taylor, un des avocats de DSK, a rencontré la presse française dans son cabinet pour un "brief" sur la procédure judiciaire. Il nous apprend que le 1er août est un rendez-vous de "routine", qu'aucune décision ne devrait être prise, qu'il s'agira seulement pour les deux parties d'expliquer "où elles en sont dans leurs investigations" avant qu'une autre audience soit fixée.
"Il n'y aura aucune négociation, aucune discussion. Dominique Strauss-Kahn ne plaidera coupable de rien, d'aucune charge. La seule chose que nous attendons, c'est l'abandon total de toutes les charges contre lui", répète l'avocat qui souligne que le procureur ou le juge peuvent décider d'arrêter les poursuites "n'importe quand".
Il en profite pour lâcher une bombe sur la victime présumée : "Le dossier médical de l'accusatrice est vide. Il n'y a aucune preuve. Pas de blessure à l'épaule, pas de marque de violences, pas de bleus." William Taylor conteste l'"agression physique", mais pas "l'existence d'ADN [de l'accusé] dans la chambre", laissant ainsi supposer un rapport consenti avec la victime ou d'autres femmes ? Possible aussi que le procuteur n'ait pas encore donné toutes "ses billes" aux avocats de la défense.
Quant à Dominique Strauss-Kahn : "Il est dans un bon état d'esprit. Il est soulagé bien sûr, de se déplacer sans sécurité officielle, assure son avocat. Il serait encore plus ravi de pouvoir se déplacer sans l'attention des médias internationaux." Le 12 juillet, Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair ont été photographiés se baladant dans les rues de New York. Tandis que l'ancien patron du FMI avait l'air visiblement éreinté, l'ex-star de TF1, elle, ne portait pas son alliance : elle ne porte ce symbolique bijou que lors des audiences de DSK au tribunal...