Alors que les dépouilles des victimes de l'accident d'hélicoptères survenu sur le tournage de l'émission Dropped en Argentine devraient être rapatriées dans les jours à venir, les familles des disparus sortent du silence et expriment leur colère. S'estimant abandonnées par la production de l'émission, elles s'en sont ouvertes dans les colonnes du Parisien.
"On nous mène en bateau"
La veille, Bénédicte Mei, maman de la journaliste Lucie, décédée dans l'accident, confiait sa colère et son désarroi à l'AFP. Ce jeudi, elle réitère ses propos dans Le Parisien. "Ils essaient d'échapper à leurs responsabilités, sans doute pour des raisons économiques", répète-t-elle. Et de poursuivre : "Depuis lundi, on nous mène en bateau. On nous explique que c'est impossible. C'est inadmissible de faire preuve d'un tel mépris !" La raison de cette colère ? Certaines familles auraient demandé à faire le voyage avec les corps des victimes entre Buenos Aires et Paris. Une demande adressée à Adventure Line Production, la société de production derrière Dropped, qui évoque des problèmes de synchronisation pour expliquer l'absence de réponse concrète.
Dominique Guinard, père du producteur de l'émission Volodia lui aussi disparu en Argentine, souhaitait simplement avoir "ce moment de recueillement auprès de [s]on fils" : "On m'a expliqué qu'aller jusqu'au lieu du drame était complexe, ce que je conçois. J'ai alors simplement demandé à aller à Buenos Aires, je n'ai même pas demandé une nuit d'hôtel ! Mais ALP ne nous répond pas. J'aurais aimé qu'ils se montrent à la hauteur. Le financement d'un simple aller-retour me paraît tellement dérisoire..."
Un sentiment d'abandon
Du côté de la famille Vastine, qui a perdu le champion de boxe Alexis quelques mois après la petite soeur Célie, on se sent "abandonnés", comme le confie Cassie Vastine, l'autre petite soeur du boxeur. Elle souhaitait accompagner en Argentine son père qui "a ressenti immédiatement le besoin" de traverser l'océan. Lors de l'hommage rendu aux trois sportifs disparus dans l'accident – Alexis Vastine, Camille Muffat et Florence Arthaud –, "une conseillère du président de la République" avait assuré aux Vastine qu'ils pourraient rejoindre l'Argentine. À la préfecture, où elle fait renouveler son passeport en urgence, on la renvoie vers ALP, "qui, depuis, nous fait comprendre que c'est trop tard !".
"On a proposé d'y aller par nos propres moyens, mais on nous fait culpabiliser en disant qu'on risque de croiser l'autre avion... Avec toute la médiatisation, les gens ont dû penser qu'on était bien épaulés, qu'on soulagerait notre chagrin des aspects purement matériels. Eh bien pas du tout, on est seuls", révèle Cassie Vastine.
Du côté d'ALP, on avance le manque de communication global et la difficulté à organiser un tel voyage : "Les différentes autorités, françaises et argentines, avec lesquelles nous sommes en contact, nous empêchent de synchroniser les départs des corps avec un éventuel accompagnement par les familles. Nous attendons une date officielle. On entend ce souhait, on le comprend, mais on ne peut pas faire risquer aux familles de manquer l'arrivée de leurs proches à Paris."
Autre point de friction entre les familles des victimes et la société de production, la responsabilité de cette dernière. Hubert Arthaud, le frère de Florence et lui-même ancien pilote d'hélicoptère, estime que "la sécurité n'a pas été mise au premier plan. Des vies ont été bêtement sacrifiées pour une chasse à l'image, et ils le savent très bien". S'il se montre fataliste à propos du décès de sa soeur - "son heure était sans doute venue" -, il aurait aimé "a minima" un signe d'ALP, comme un simple coup de fil du président ou un bouquet. Hubert Arthaud attend toujours...