Deux mois après la promenade pleine de gravité de Kate Middleton (sa dernière apparition officielle en date), du prince William et du prince Harry, la mer de coquelicots est toujours là. Elle a même, depuis, continué à gagner du terrain sur les vertes pelouses entourant la Tour de Londres, et continuera encore d'ici au 11 novembre prochain, jour de célébration de l'Armistice. Jeudi 16 octobre 2014, la reine Elizabeth II, 88 ans, et son époux le duc d'Edimbourg, 92 ans, s'y sont baignés à leur tour.
C'est une rentrée qui a quelque chose de grandiose pour la monarque britannique, au terme de son long congé estival à Balmoral. Quelques jours après avoir décoré la superstar - du cinéma et de la philanthropie - Angelina Jolie, Elizabeth II visitait jeudi, accompagnée par le prince Philip, le champ de coquelicots en céramique qui a investi les anciennes douves de la Tour de Londres, hommage rouge sang impressionnant aux soldats britanniques et du Commonwealth tombés lors de la Première Guerre mondiale, en cette année de centenaire de l'éclatement du conflit. À terme, ce sont pas moins de 888 246 fleurs factices, pour autant de morts, qui auront été plantées. Lors de sa visite, la duchesse de Cambridge avait d'ailleurs apporté sa contribution en plantant l'un des coquelicots de cette installation baptisée Blood Swept Lands and Seas of Red ("Terres inondées de sang et mers de rouge") et pensée par l'artiste Paul Cummins, le bleu électrique de sa tenue Stella McCartney se détachant avec force dans cette marée rouge.
Elle aussi vêtue de bleu, la reine Elizabeth II a à son tour ajouté une fleur au champ en pleine expansion, plantée pour elle par Jim Duncan sur un petit monticule, et a pu écouter l'histoire à l'origine de cette oeuvre grandiose et effroyable : "Ce qui m'a inspiré la création de cette installation, lui a expliqué Paul Cummins, c'est la lecture du testament d'un soldat inconnu, que nous pensons originaire de Derby. Je suis entré en contact avec la Tour étant donné que c'est l'emplacement idéal, compte tenu de ses liens militaires forts, qui semblent résonner. L'installation est éphémère, je trouve cela poignant et assez emblématique de la vie humaine, à l'image de ceux qui ont péri pendant la Première Guerre mondiale. Je voulais trouver une manière convenable d'honorer leur mémoire." Le scénographe Tom Piper, qui a (avec pas moins de... 8 000 bénévoles) assisté l'artiste, a confié que la souveraine avait jugé l'oeuvre "impressionnante" et s'était montrée curieuse du nombre exact de coquelicots, la fleur du souvenir par excellence, que la famille royale ne manque pas d'épingler à ses vêtements en de nombreuses occasions.
Elizabeth II, qui a également déposé une gerbe de fleurs, et le prince consort ont insisté pour arpenter l'installation malgré le sol rendu inconfortable par les pluies récentes, et ont été escortés par le constable de la Tour de Londres, le général Lord Dannatt, et par le colonel Richard Harrold, ancien chef des armées, gouverneur de la forteresse médiévale. Le couple royal a ensuite assisté à une messe d'action de grâce.