Il n'y a pas que dans les sondages d'El Mundo que la monarchie espagnole boit la tasse ; côté budget aussi, la famille royale d'Espagne plonge... Parallèlement à une cote de popularité en train de couler, entraînée par le fond par le scandale Noos dans lequel l'infante Cristina a fini par être elle aussi mise en examen (après son mari Iñaki Urdangarin) et par l'aura déclinante d'un roi Juan Carlos Ier au bord du désaveu, le montant de la liste civile octroyée à la famille royale pour son fonctionnement est plombée, sous le poids conjoint des "affaires" et de la crise.
Déjà établie en 2013 à son niveau le plus bas (7,93 millions d'euros) depuis 2005, marquant un recul de 4% par rapport à l'exercice 2012 (8,26 millions d'euros), la dotation allouée par le gouvernement à Juan Carlos Ier et aux membres de la famille royale exerçant effectivement un rôle au service du pays plafonne pour 2014 à 7,775 millions d'euros (soit une nouvelle diminution de 2%), selon une annonce faite lundi. Une disposition inédite fait son apparition dans cette nouvelle mouture : la reine Sofia et la princesse héritière Letizia percevront désormais un salaire fixe.
Dans cette enveloppe globale, prévue pour couvrir les frais de fonctionnement des membres de la famille royale lors de tous les actes officiels (soit, en 2013, 202 audiences et 477 événements, y compris privés et y compris hors des frontières), les traitements du souverain et de son héritier demeurent strictement inchangés : Juan Carlos Ier d'Espagne percevra toujours un salaire de 292 752 euros (en brut, imposé à hauteur de 40%), décomposé à peu près moitié-moitié entre rétribution (140 519 euros) et frais de représentation (152 233 euros), tout comme Felipe d'Espagne continuera d'encaisser 146 376 euros (50% des revenus de son paternel), alors que son rôle se trouve accru notamment en raison du déclin physique du roi et que sa cote de confiance, a contrario de celle de son père, est plus que jamais au beau fixe (près de deux tiers des Espagnols le croient capable de redorer le blason de la monarchie en cas d'accession au trône - scénario improbable étant donné qu'abdiquer n'entre pas dans les projets du monarque en dépit de la grogne galopante).
"Plus de clarté et de transparence"... du côté de Sofia et Letizia
Détail pas anodin communiqué par la Maison royale : Juan Carlos Ier d'Espagne a dû débourser la bagatelle de 165 189 euros pour payer les trois opérations chirurgicales subies en 2013...
Très actives sur la scène publique, la reine Sofia émarge à 45% des revenus de son époux, soit 131 739 euros, et la princesse Letizia touche 35% de ce que gagne son beau-père, soit 102 646 euros. C'est la première fois que la reine et la future reine, précédemment rémunérées en fonction de leurs apparitions, se voient allouer un salaire fixe, différencié des dépenses courantes "pour plus de clarté et de transparence", selon un commentaire du porte-parole de la Maison royale. Ce dernier se targue toutefois de préciser que la somme globale qui leur est octroyée est à peu de choses près la même en 2014 qu'en 2013.
De son côté, l'infante Elena d'Espagne, fille aînée du couple royal qui travaille comme directrice de projets culturels et sociaux pour la fondation Mapfre, perçoit un défraiement de 25 000 euros.
Quant à l'infante Cristina, qui s'est exilée à Genève pour (officiellement) ses activités à la tête de la branche internationale de la Fondation La Caixa et doit comparaître samedi prochain devant le juge José Castro au tribunal de Palma de Majorque suite à son inculpation de fraude fiscale et blanchiment d'argent dans le dossier Noos, ne figure pas parmi les bénéficiaires de la liste civile. La princesse, âgée de 48 ans, n'est plus apparue en engagement officiel depuis octobre 2011 et l'éclatement de l'affaire de détournement de fonds impliquant son époux Iñaki Urdangarin. Le couple avait disparu de l'agenda officiel royal (et même du site de la Maison royale, concernant le gendre du roi) dans les semaines suivantes. La cour avait tenté d'enrayer la spirale négative en jouant la carte de la transparence avec la publication inédite, en décembre 2011, des comptes de la famille royale, quelques jours avant d'annoncer le budget de l'année à venir, marqué par le gel des salaires (après une baisse de 15% en janvier 2010). Une cure d'austérité qui impacte également les fonctionnaires de haut rang de la Maison royale ainsi que divers postes coûteux (réduction du parc automobile, restriction des dépenses liées aux réceptions, etc.). À noter que le budget de la Maison royale, acté selon la Constitution de 1978, n'inclut pas les dépenses relevant de la sécurité des royaux ni les frais du Patrimoine National (coûts liés à l'entretien des possessions de l'État mises à la disposition de la famille royale, comme ses résidences, pour ses activités officielles).