Le contexte était particulièrement difficile, mais le roi Albert II de Belgique semble s'en être bien tiré. Mardi soir, le souverain belge et la famille royale rassemblée autour de lui donnaient au palais de Bruxelles une réception pour les principales autorités et personnalités du pays à l'occasion du Nouvel An.
Loin des récriminations qui ont battu en brèche le projet de la reine Fabiola - absente de l'événement - d'une fondation destinée à transmettre sa fortune, qu'elle a finalement abandonné face au tollé général, les invités ont réservé un accueil triomphal au roi Albert et son épouse Paola, au prince héritier Philippe et son épouse la princesse Mathilde, éclatante dans un chemisier orange complété d'un sac et de boucles d'oreille assortis, à la princesse Astrid et son mari le prince Lorenz, ou encore au prince Laurent et sa femme la princesse Claire.
Entre une situation intérieure toujours houleuse, l'augmentation de la liste civile en dépit du contexte économique morose, l'affaire Fabiola et le débat parlementaire sur la révision des dotations royales, Albert II de Belgique et les siens sont dans l'oeil du cyclone, mais le monarque a su tirer parti de la situation dans les voeux qu'il a solennellement adressés à ses centaines de convives de marque : "Je ne vous cacherai pas que les événements familiaux du début du mois m'ont peiné et donné une leçon d'humilité. La famille royale doit en effet, en toutes circonstances, donner l'exemple", a ainsi concédé le roi dès le début de son allocution en cette grande occasion officielle. Signe qu'il est pleinement conscient du danger qui guette la monarchie, de plus en plus contestée...
En gage de la solidarité des royaux avec leurs compatriotes, Albert II de Belgique a commencé par, avant tout autre chose, témoigner sa sympathie à l'égard des salariés d'Arcelor Mittal : "Je voudrais dire aux travailleurs d'Arcelor Mittal, dont l'emploi est menacé, combien je partage leur angoisse et celle de leurs familles, ainsi que leur amertume", a-t-il ainsi commencé, avant d'évoquer ces "récents événements familiaux [qui lui] ont donné une leçon d'humilité", puis d'entamer le corps de son discours en rappelant qu'il y a un an prenait fin la crise politique record que le pays a traversée, avec la prestation de serment du nouveau gouvernement.
Dressant le bilan, le roi a voulu se féliciter du "redressement budgétaire remarquable [qui] a pu être réalisé grâce à un effort d'environ 14 milliards d'euros en 2012, et un effort supplémentaire de 3,5 milliards d'euros prévu pour 2013", en dépit du fait que "la croissance s'est aussi fortement dégradée chez nous pour atteindre zéro en 2012", rendant compliquées réformes économiques structurelles et application de la rigueur budgétaire. Loin de sa gargariser, il a souligné que "les pertes d'emplois sont là pour nous rappeler la nécessité d'un effort coordonné de relance économique en Europe (...) vital pour nos pays et pour donner de l'espoir aux jeunes" et à appeler à la vigilance en termes de compétitivité. "S'il est bon de ne pas trop se prendre au sérieux, cela ne doit pas empêcher une certaine fierté nationale lorsque de grands défis sont relevés avec succès", s'est-il toutefois réjoui, avant de ponctuer : "La Reine et moi et toute notre famille, souhaitons de tout coeur à chacune et à chacun d'entre vous une très heureuse et fructueuse année 2013."
Malgré le voeu pieux du roi Albert II concernant le devoir d'exemplarité de la famille royale, la réforme des dotations, qui devraient particulièrement concerner la princesse Astrid et le prince Laurent, risque de faire quelques remous... Si la première s'est déclarée dans les médias prête à accepter "toute décision du gouvernement et du Parlement concernant sa dotation", le second, mouton noir du clan dont les petites affaires secrètes ne cessent d'attirer l'attention, a eu des commentaires plus polémiques : "Si ma soeur peut se le permettre, je suis ravi pour elle. Vous savez moi, je ne suis pas de ces personnes qui jalousent ceux qui ont les moyens", a-t-il réagi, tout en indiquant que sa soeur bénéficiait d'autres ressources financières.