En 2011, son déplacement en Angola, ses affaires avec des rebelles libyens et sa visite très peu opportune et contre l'avis du gouvernement en République démocratique du Congo lui avaient valu d'être sévèrement puni par son père le roi Albert II de Belgique, qui l'avait durablement mis au ban des activités royales ; en 2013, les projets "secrets" du prince Laurent en Angola vont-ils lui coûter sa dotation royale ?
Abonné aux boulettes, le prince Laurent de Belgique, benjamin des trois enfants du couple royal et mouton noir de la famille joussant touefois d'une belle cote de popularité auprès de ses compatriotes, se trouve au coeur d'une nouvelle controverse. A un mauvais moment de surcroît, puisque le contribuable belge s'étrangle déjà en voyant l'augmentation de la liste civile accordée au roi pour 2013 et le projet de fondation de la reine Fabiola pour transmettre son immense fortune.
Le quotidien flamand De Morgen révélait jeudi que le prince belge, âgé de 49 ans, "a eu des contacts à Bruxelles avec des diplomates angolais" à l'insu des instances du pays, à savoir le gouvernement et le palais royal. L'enjeu de cette entrevue secrète : le développement de projets sur l'énergie renouvelables pour la capitale de l'Angola, Luanda, par la fondation environnementale du prince, GRECT (Global Renewable Energy and Conservation Trust), créée en 2006 à la Maison des énergies renouvelables de Bruxelles et qui valut en 2007 au prince Laurent d'être récompensé par le National Global Energy Award au Parlement européen.
Le problème, c'est qu'après ses errements et ses opérations en cavalier seul en 2011, le prince Laurent, pour sa réintégration dans le giron de la famille royale en novembre 2011 après de longs mois de pénitence, avait été sommé de signer un document présenté par le Premier ministre de l'époque Yves Leterme, par lequel il s'engageait notamment à informer le gouvernement de ses activités et à faire valider les actions de sa fondation... sous peine de perdre sa dotation de quelque 300.000 euros ("Je suis conscient et j'accepte qu'un manquement à l'une de ces deux règles conduira automatiquement le gouvernement à proposer au parlement le retrait de ma dotation", était-il stipulé). Une sorte de curatelle que Laurent a donc enfreinte en l'occurrence, puisque ni les Affaires étrangères, ni le cabinet du Premier ministre, ni le Palais n'étaient au courant de sa prise d'intérêts en Angola.
Rapidement, un porte-parole du GRECT est intervenu pour signaler que "rien n'a pour l'instant été signé" concernant ce projet d'offre globale en matière d'énergie renouvelable à Luanda, mais de la révélation n'a pas tardé à naître la polémique. Consulté par ses confrères de la classe politique, l'actuel Premier ministre Elio Di Rupo a affirmé devant la Chambre jeudi qu'en cas de manquement avéré à l'accord passé, le prince et le gouvernement devraient en tirer les conclusions qui s'imposent.
Les avocats de l'incriminé, eux, se sont montrés très fermes, déclarant : "Aucune offre globale en matière d'énergie renouvelable pour la capitale de l'Angola (Luanda) n'a été proposée, transmise ou formulée. Aucun projet concret n'a été proposé ni discuté. Le Prince agit dans le respect de l'engagement qu'il a pris à l'époque à l'égard du gouvernement. Le gouvernement belge a ainsi été informé du déplacement du Prince à Rio (NDLR : où il avait formulé un discours sur le développement durable) et ne s'y est pas opposé." Sauf qu'il n'est pas question, dans le cas présent, de Rio.
Et tandis que l'affaire fait grogner tant les responsables politiques et observateurs ("Soyons francs, est-ce que Laurent dispose réellement d'une expertise pour développer des projets en énergie pour Luanda, une ville qui compte plus de 5 millions d'habitants ?", soulève l'un d'eux), mais aussi l'opinion publique, les vérifications utiles sont en cours...