Alors que le jury présidé par George Miller délibère ce 22 mai au Festival de Cannes, des prix ont déjà été décernés dans les sections parallèles à la sélection des films en lice pour la Palme d'or.
Le film The happiest day in the life of Olli Mäki du réalisateur finlandais Juho Kuosmanen a remporté samedi le prix de la section Un Certain Regard à Cannes, dont le jury est présidé par Marthe Keller, entourée de Céline Sallette, Diego Luna, Jessica Hausner et Ruben Östlund.. C'est le premier film de Juho Kuosmanen, 36 ans. En noir et blanc, il s'inspire de l'histoire vraie d'un prétendant au titre de champion du monde poids plume de boxe, au début des années 1960. Au début de sa carrière, ce boxeur a eu l'opportunité de se battre contre un Américain, champion du monde poids plume, et a perdu, très rapidement, face à un public nombreux.
Le jury a récompensé un film "d'une grâce infinie, d'une originalité incroyable", a déclaré sa présidente, l'actrice suisse Marthe Keller. C'est "un film qui a un regard certain sur ce qui concerne le bonheur", selon lequel "on n'a pas absolument besoin de l'argent, de la réussite, de la compétition", a-t-elle souligné.
Le Japonais Fukada Koji a reçu le prix du jury pour Harmonium, son quatrième film, qui met en scène la vie apparemment banale au sein d'une famille, jusqu'à ce qu'un ancien ami, sorti de prison, ne s'y immisce. L'acteur et réalisateur américain Matt Ross a reçu le prix de la mise en scène pour Captain Fantastic, sur un père de famille (Viggo Mortensen) qui élève ses six enfants loin de la société de consommation. Les soeurs françaises Delphine et Muriel Coulin ont reçu le prix du scénario pour Voir du Pays, avec Ariane Labed et Soko, qui suit le parcours de deux femmes soldats dans un "sas de décompression" pour militaires de retour d'Afghanistan. Le scénario est tiré d'un roman de l'une des deux soeurs, Delphine. Un film d'animation, La Tortue Rouge, du Néerlandais Michael Dudok De Wit, qui retrace les grandes étapes de la vie d'un être humain à travers l'histoire d'un naufragé sur une île déserte tropicale, a reçu le prix spécial.
L'an dernier, c'est Hrutar (Béliers) du réalisateur islandais Grimur Hakonarson.
Parmi les favoris pour la Palme d'or 2016, Toni Erdmann de l'Allemande Maren Ade, un film à la fois drôle et émouvant sur la relation père-fille, qui signe le retour du cinéma d'outre-Rhin sur la Croisette, a reçu le prix Fipresci de la critique internationale. Premier film allemand en compétition depuis Rendez-vous à Palerme de Wim Wenders en 2008, Toni Erdmann est le troisième long-métrage de Maren Ade, 39 ans, nouvelle venue dans la compétition cannoise et représentante d'une "Nouvelle vague" allemande. Le jury de la Fipresci (Fédération internationale de la presse cinématographique), a attribué par ailleurs son prix au sein de la section "Un Certain regard" à Dogs du Roumain Bogdan Mirica. Premier film, Grave de la Française Julia Ducournau, en sélection à la Semaine de la Critique, a également été distingué.
Un documentaire brésilien primé Cinema Novo, du Brésilen Eryk Rocha, a reçu "L'Oeil d'or", le prix du documentaire du Festival de Cannes, créé par la Scam (Société civile des auteurs multimédia), en partenariat avec le festival et l'INA (Institut national de l'audiovisuel). "Ce film est un film-manifeste sur la pertinence aujourd'hui d'un mouvement cinématographique presque oublié des années soixante, le Cinema Novo brésilien", a souligné le jury présidé cette année par le réalisateur italien Gianfranco Rosi. Une mention spéciale distingue les Indiens Shirley Abraham et Amit Madheshiya pour The Cinema Travelers (Inde).
Le jury oecuménique 2016 a attribué son prix au film Juste la fin du monde du Canadien Xavier Dolan, en compétition officielle. "Dans les non-dits, les clameurs et les regards, se loge l'histoire d'une famille où l'on tait l'amour que l'on se porte, où l'on crie pour ne pas révéler l'essentiel", a estimé le jury. Deux mentions spéciales ont été décernées à American Honey de la Britannique Andrea Arnold, et à Moi, Daniel Blake du Britannique Ken Loach. Chaque année à Cannes, le Jury oecuménique créé par l'Association catholique mondiale pour la communication et l'Organisation protestante internationale du cinéma, distingue des oeuvres "aux qualités humaines qui touchent à la dimension spirituelle de l'existence".
Film du réalisateur russe Kirill Serebrennikov, Le Disciple, présenté à Un Certain Regard, a été récompensé par le Prix François Chalais 2016, du nom du grand reporter disparu en 1996. Ce prix annuel distingue une oeuvre cinématographique "traduisant au mieux la réalité de notre monde". Le Disciple se passe en Russie mais nous concerne tous. Pris d'une crise mystique, un étudiant s'enivre de la parole biblique pour contester l'enseignement qu'on lui prodigue. "C'est un film audacieux, courageux, dérangeant et explosif", a souligné le jury du prix présidé par le réalisateur américain Bob Swaim (César du meilleur film pour 1982 pour La Balance). L'an dernier, le prix François Chalais a distingué Le Fils de Saul de Laszlo Nemes, avant Timbuktu d'Abderrahmane Sissako en 2014.
The Neon Demon, thriller érotico-fantastique dans le monde de la mode signé Nicolas Winding Refn, a été distingué par le prix Cannes Soundtrack de la meilleure musique de film originale composée par Cliff Martinez. Le film Ma Loute de Bruno Dumont a été récompensé pour la meilleure musique synchronisée. Créés en 2010, les prix Cannes Soundtrack sont décernés par des critiques de cinéma.
La Queer Palm 2016 qui récompense chaque année le film du Festival de Cannes traitant le mieux de l'homosexualité, a été décernée samedi au documentaire du Français Sébastien Lifshitz, Les Vies de Thérèse, dédié à Thérèse Clerc, figure du féminisme en France. Militante de tous les combats féministes, de l'avortement à l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, en passant par les luttes homosexuelles, Thérèse Clerc, décédée en février à 88 ans d'un cancer, a demandé à Sébastien Lifshitz de filmer ses derniers jours "pour montrer la dégradation physique et la mort sans tabou". La Queer Palm 2016 du court-métrage a récompensé Gabber lover de la Française Anna Cazenave-Cambet, "un film de +coming out+ où l'on apprend à faire face à son désir, à lui donner enfin libre cours", a souligné le jury dans un communiqué. Le jury de la Queer Palm 2016 était présidé par les cinéastes français Oliver Ducastel et Jacques Martineau. L'an dernier, le film Carol de l'Américain Todd Haynes, avait été récompensé.
Palm Dog
La Palm Dog du meilleur interprète canin dans un film projeté à Cannes, a été attribuée vendredi 20 mai à titre posthume à Nellie, la chienne du film Paterson, de l'Américain Jim Jarmusch. Troisième personnage du film, la chienne - morte il y a quelques mois - a convaincu le jury des critiques anglosaxons par ses mimiques particulièrement expressives. "Le chien était très doué pour l'improvisation. En fait, c'est une chienne et elle a été brillante pour écrire son propre texte", a plaisanté Jim Jarmusch, lors de la conférence de presse de son film. L'assistance a été émue en apprenant que Nellie - qui s'appelle Marvin dans le film - n'était plus de ce monde. C'est donc une doublure qui a posé pour les photographes et reçu la Palm Dog en lieu et place de la regrettée Nellie. Un prix spécial du jury a été attribué à un Dalmatien, répondant au nom de Jack, témoin d'un procès dans le film Victoria, de Justine Triet, avec Virginie Efira dans le rôle titre.