En ce 25 mai, le jury du 68e Festival de Cannes a commencé ses délibérations. Les présidents Joel et Ethan Coen, en collaboration avec les jurés Guillermo del Toro, Rossy de Palma, Sophie Marceau, Sienna Miller, Rokia Traoré, Xavier Dolan et Jake Gyllenhaal, doivent départager les dix-neuf films en compétition pour la Palme d'or. En favori, on parle de Carol de l'Américain Todd Haynes, Mia Madre de l'Italien Nanni Moretti, Le Fils de Saul du Hongrois Laszlo Nemes, The Lobster du Grec Yorgos Lanthimos et The Assassin du Taïwanais Hou Hsiao-Hsien. En attendant la cérémonie de clôture, la valse des premiers prix a déjà commencé, comme le rapporte l'AFP.
- Un Certain Regard
Le prix de la section Un Certain Regard a été attribué le 24 mai à Cannes au film Hrutar (Béliers) du réalisateur islandais Grimur Hakonarson, histoire de deux frères qui s'unissent pour sauver leurs béliers. "Je veux dédier mon prix à ma mère qui est décédée il y a trois ans. Je suis sûr qu'elle me regarde ce soir", a déclaré le réalisateur. Hrutar, son deuxième long métrage de fiction, se déroule dans une vallée isolée d'Islande où deux frères qui ne se parlent plus depuis quarante ans vont devoir s'unir pour sauver ce qu'ils ont de plus précieux : leurs béliers. L'an dernier, le lauréat était White God de Kornél Mundruczó.
Le prix du jury est allé au film Zvizdan (Soleil de plomb) du Croate Dalibor Matanic. Celui de la mise en scène a été attribué au Japonais Kiyoshi Kurosawa pour Kishibe No Tabi (Vers l'autre rive). Le prix "Un certain talent" est revenu à Comoara (Le Trésor) du réalisateur et scénariste roumain Corneliu Porumboiu, l'odyssée tragi-comique de deux pieds nickelés à la recherche d'un supposé trésor enfoui dans la jardin d'une maison familiale à Bucarest. Il s'agit d'une production de Julie Gayet, pas peu fière de la réussite de son cinéaste. Le prix de l'avenir a été attribué à Masaan du réalisateur indien Neeraj Ghaywan, ex-aequo avec Nahid de l'Iranienne Ida Panahandeh.
A l'issue de la cérémonie, Isabella Rossellini a tenu à remercier le festival pour avoir choisi le visage de sa mère, Ingrid Bergman, pour l'affiche du 68e Festival de Cannes. "Je ne peux m'empêcher d'exprimer personnellement ma gratitude", a-t-elle dit.
- Queer Palm
C'est le film Carol de l'Américain Todd Haynes, romance avec Cate Blanchett et Rooney Mara, qui a remporté samedi 24 mai la "Queer Palm 2015", récompense hors compétition du Festival de Cannes qui distingue le film traitant le mieux des questions homosexuelles, bisexuelles ou transgenres. Carol succède à Pride en 2014. De bon augure pour la Palme d'or ? Le jury 100% féminin de la "Queer Palm 2015" était présidé par l'actrice et réalisatrice américaine Desiree Akhavan. La "Queer Palm" du court métrage a distingué le film chilien Locas Perdidas (Lost Queens) d'Ignacio Juricic Merillan présenté à la Cinéfondation. Le film The Lobster du cinéaste grec Yorgos Lanthimos, avec Colin Farrell - qui a pris beaucoup de poids -, également en compétition officielle, a reçu une mention spéciale.
- Semaine de la critique à Cannes
Le film Paulina (La Patota), de l'Argentin Santiago Mitre, a reçu le Grand Prix de la Semaine de la Critique, une section parallèle du Festival de Cannes. Le prix était décerné par un jury présidé par l'actrice et réalisatrice israélienne Ronit Elkabetz. Deuxième long métrage de Santiago Mitre après L'Etudiant, Paulina raconte l'histoire d'une jeune femme brillante qui renonce à sa carrière d'avocate pour devenir enseignante dans une région défavorisée d'Argentine. L'an dernier, le Grand Prix de la Semaine de la critique avait été remporté par The tribe, film muet de l'Ukrainien Myroslav Slaboshpytskiy.
Le film La Tierra y la sombra, du Colombien César Augusto Acevedo, a quant à lui été récompensé par le prix Révélation France 4 et le prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD).
- Prix du Jury oecuménique
Le prix 2015 du Jury oecuménique a été décerné au film Mia Madre de l'Italien Nanni Moretti, l'un des favoris de la compétition officielle du 68e Festival de Cannes. Ce long métrage, qui a ému la Croisette aux larmes, explore la crise existentielle d'une réalisatrice confrontée à la mort de sa mère. Une mention spéciale a été décernée à La Loi du marché de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon. Une autre mention est allée à Taklub de Brillante Mendoza, présenté à Un Certain Regard. Le Jury oecuménique qui distingue des oeuvres "aux qualités humaines qui touchent à la dimension spirituelle de l'existence", était présidé cette année par la journaliste Barbaba Lorey de Lacharrière.