Poursuivi pour diffamation après avoir suggéré dans une interview que Michel Neyret, ex-numéro 2 de la PJ lyonnaise, avait "peut-être piqué le butin de Toni Musulin", ancien convoyeur de fonds condamné pour le vol de 11,6 millions d'euros dont 2,5 millions n'ont jamais été retrouvés, François Cluzet a été relaxé ce jeudi 12 février 2015.
La 6e chambre correctionnelle du tribunal de Lyon a, dans son délibéré du 12 février, "jugé irrecevable l'action civile" de Michel Neyret, par ailleurs poursuivi dans une autre procédure, à Paris cette fois, pour corruption. Irrecevable également, son action contre le directeur du quotidien régional Le Progrès, Pierre Fanneau, et le journaliste auteur de l'interview dans laquelle étaient rapportés les propos de l'acteur.
Amer, l'ancien superflic a exprimé à la sortie du tribunal sa déception : "Je constate que le tribunal de Lyon a consacré l'humour comme une excuse absolutoire ! Aujourd'hui vous pouvez rapporter n'importe quel propos mensonger sous le couvert de l'humour en toute impunité." François Cluzet, 59 ans, s'était expliqué en décembre dernier devant le tribunal, reconnaissant que son trait d'"humour" était "déplacé" et s'excusant "d'avoir porté atteinte à l'honneur de Michel Neyret", qui réclamait 10 000 euros de dommages et intérêts à chacun des prévenus et la publication d'un communiqué. Le parquet s'en était remis "à la sagesse du tribunal".
"On relaxe M. Cluzet et les journalistes du Progrès pour avoir rapporté le fait que j'aurais pu être impliqué dans la disparition du butin de M. Musulin. L'enquête avait démontré que c'était une affirmation tout à fait mensongère et dénuée de tout fondement, et malgré tout, le tribunal considère qu'il n'y a pas propos diffamatoire", a ajouté Michel Neyret, déterminé à "faire appel" selon l'AFP. "Évidemment que ça me porte préjudice (...) Entendre François Cluzet, qui est un personnage public, dont les propos ont un impact et une résonance incroyable (...), c'est une affirmation grave de conséquences et si je ne réagis pas à ce genre de propos mensongers, c'est que je les admets à demi-mot, et c'est juste impossible, car j'étais totalement étranger à cette affaire", a-t-il encore ajouté.
Lors de son audition en décembre, François Cluzet, qui avait incarné Tony Musulin dans le long métrage 11.6, s'était dit "très mal à l'aise" de se retrouver "pour la première fois devant un tribunal". Son avocat, Me Pascal Garbarini, a lui évoqué "le carambolage des deux procédures qui fait qu'on fait des traits d'humour sur vous", s'adressant à Michel Neyret : "Vous avez prêté le flanc et on vous égratigne."