Rares sont les fois où Françoise Hardy prend la parole depuis plusieurs années. Avec la maladie, l'artiste de 79 ans préfère briser les silences pour la bonne cause. Notamment en affirmant ses positions sur des faits politiques comme l'euthanasie et, plus récente, la question de la réforme des retraites. Contrairement aux nombreux artistes à avoir signé la tribune demandant son retrait immédiat, Françoise Hardy n'est pas opposée au nouveau fonctionnement proposé par Emmanuel Macron. Elle est même l'une des rares à aller dans son sens.
Dans les colonnes du Journal du Dimanche ce dimanche 9 avril, la maman de Thomas Dutronc ne s'est pas fait prier pour donner son opinion. Et si elle en avait eu la force, Françoise Hardy ne serait sûrement pas descendue dans la rue pour soutenir les manifestants : "Je m'intéresse aux réalités économiques et j'ai compris qu'il y a plusieurs raisons impératives d'effectuer une réforme des retraites, a-t-elle fait savoir. Tous les pays européens ont mis l'âge de la retraite à 65, 66 ou 67 ans, sauf le nôtre, dont la dépense publique est la plus élevée d'Europe. (...) Les retraités vivent deux fois plus longtemps et actuellement, nous n'avons même pas deux actifs pour un retraité."
Elle n'est d'ailleurs pas tendre avec les manifestants qui mettent la rue sens dessus dessous lors des journées de mobilisation qui, d'après elles, rendent les choses encore pire : "Les grèves répétées aggravent un peu plus la situation économique avec les problèmes de transport qu'elles provoquent et qui empêchent beaucoup de gens de se rendre normalement à leur travail et même certains d'entre eux de travailler mais aussi la transformation de Paris et du pays en repoussoirs touristiques, sans parler de toutes les violences et les nombreuses dégradations."
Si elle soutient les changements dans certains domaines, elle déplore la lenteur du gouvernement sur d'autres, notamment sur un sujet qui la concerne particulièrement. Le débat sur la fin de vie assistée qui vient néanmoins de connaître une "ouverture" : "Il était grand temps que [la France] se débarrasse de certains préjugés religieux. Ne pas aider à partir quelqu'un qui souffre le martyre d'une maladie incurable m'a toujours paru inhumain." Françoise Hardy n'a jamais caché sa volonté de partir quand elle en aurait plutôt que de dépérir à cause de la maladie dont elle souffre depuis des années : "Tout le monde, moi la première, espère mourir sans trop de souffrances physiques, mais c'est rare et celle de la séparation d'avec ceux qu'on aime est aussi insupportable qu'inéluctable." Malgré tout, son choix est fait.