Il a perdu "un ami sincère". La mort de Georges Lautner ne pouvait que blesser Jean-Paul Belmondo, son acteur fétiche dans les trois films cultes qui s'enchaînèrent dans la carrière de Bébel : Flic ou Voyou, Le Guignolo et surtout Le Professionnel. Le cinéaste français s'est éteint, vendredi 22 novembre à Paris. Il était âgé de 87 ans.
Jean-Paul Belmondo, 80 printemps, s'est exprimé rapidement sur la mort de son ami, sur BFM TV. "C'était un ami, un ami sincère", déclare Belmondo, visiblement ému par la mort de Lautner, "un très très grand metteur en scène". "C'est une douleur très dure pour moi... On devait partir ensemble, et il s'est loupé", conclut Jean-Paul Belmondo, bouleversé. Selon nos informations, Georges Lautner sera enterré jeudi dans un caveau familial du cimetière du château de Nice, près de sa mère l'actrice Renée Saint-Cyr, et au côté de son épouse Catherine, qui lui a donné deux enfants.
De son côté, Claude Rich évoque un "homme distingué, toujours avec beaucoup d'humour", le "premier à rire aux facéties de Francis Blanche et Bernard Blier", se souvient l'acteur que Lautner dirigeait dans Les Tontons Flingueurs. "C'était jamais trop, c'était très français" conclut-il avant que Laurent Gerra, qui l'accompagnait lors de sa dernière apparition publique aux Lumières le mois dernier, assure que Lautner "n'aimait pas la Nouvelle Vague", se disant au micro de RTL, "très admiratif de son oeuvre".
Après François Hollande ou Patrick Bruel hier, les hommages se sont multipliés. Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes et directeur de l'Institut Lumière à Lyon, se souvient d'un "homme incroyablement déconneur et humble". "C'était très difficile de le faire parler sérieusement de son travail, parce qu'il ne voulait pas être dans l'auto-célébration, dans la contemplation", dit Thierry Frémaux. Ce dernier n'oublie pas de redonner à Georges Lautner le pouvoir de sa mise en scène, à l'heure où le public se remémore les dialogues d'Audiard et les performances d'acteurs. "Georges n'en concevait aucune amertume, ni jalousie. Il disait, 'on voulait se marrer, je sais ce que j'ai fait'", raconte-t-il. Thierry Frémaux gardera, tout comme Laurent Gerra qui l'accompagnait alors, l'ultime apparition publique de Lautner aux Lumières, en octobre dernier, où Bébel recevait un hommage vibrant. Mais pour lui, "il fallait voir comme Tarantino était content de voir Georges Lautner, il connaissait tous ses films".
"Un réalisateur à l'américaine", comme le décrit Bertrand Blier dans le JDD. Le metteur en scène, qui a commencé en tant qu'assistant sur Arrêtez les tambours en 1959, assure que "même si Lautner pouvait se montrer parfois tyrannique, c'était un homme rieur et généreux". La Belmondo au féminin et muse de Lautner, Mireille Darc, s'est également exprimée : "Avec Lautner, je ne suis jamais en danger. Je ne suis très attaché à moi", commente-t-elle.
Autre son de cloche, tout aussi hommagieux, celui d'Alain Terzian, président de l'Académie des Arts et Techniques du cinéma. Il rappelle que "la critique ne l'avait pas gâté mais il s'en amusait car le public faisait toujours un triomphe à ses films". "Une gentillesse bouleversante, des millions de rires, l'amitié en culte, le succès phénoménal à la mesure de sa modestie et un talent inouï, des films inoubliables et le bonheur du public en dogme", voilà comment Alain Terzian résume Georges Lautner.
Quand on dit justement film inoubliable et culte, il nous vient en tête Les Tontons Flingueurs. Alors que la comédie va fêter ses 50 ans le 27 novembre prochain, sortira ce jour-même en édition limitée et numérotée à 5000 exemplaires un coffret collector du film, au prix de 119,99 €, contenant à la fois le film en version DVD et Blu-ray, mais également des dizaines de bonus, interviews, making-of, documentaires, la bande-originale de Michel Magne, le scénario original reproduit dans son intégralité avec annotations ainsi qu'un livre inédit sur Michel Audiard.