Dans une très belle interview au journal La Croix mi-octobre, Georges Moustaki évoquait cette "maladie donnée comme irréversible" qui l'empêchait désormais de chanter. Plein d'espoir devant l'adversité, le chanteur de 77 ans confiait s'exprimer désormais avec peine. Ce matin au micro de RTL, on retrouvait avec bonheur Georges Moustaki. Yves Calvi est allé rencontrer le chanteur chez lui, dans son beau repaire de l'île Saint-Louis.
La première question est pour cette maladie que l'artiste ne nomme pas : "J'ai trop fumé. Je fais tout pour qu'elle ne progresse pas, mais c'est une maladie pernicieuse. C'est un tueur silencieux, qui ne fait pas un bruit. On n'aperçoit que les dégâts. Je ne fume plus depuis vingt ans. Il n'y a pas de justice." Le drame, ce sont ses mélodies qu'il ne peut fredonner : "C'est exactement ça, je peux les jouer, mais pas les chanter et cela me manque beaucoup. Je ne me suis jamais pris pour un chanteur et il a fallu que je ne puisse plus chanter pour voir le plaisir que j'y prenais."
"Je l'ai sentie de très près la mort", confie-t-il. Depuis, il réfléchit à beaucoup de choses, "souvent joyeuses d'ailleurs" et s'il devait écrire une chanson, elle serait "solaire" et gorgée de cet oxygène qui nourrit le printemps arabe. Quand Yves Calvi lui demande à quoi sert une chanson de Georges Moustaki, l'intéressé répond avec humilité : "À faire plaisir à celui qui l'écrit". Il confie ensuite cette anecdote et par là même son admiration pour Alain Souchon : "Ce matin, j'entendais une chanson de Souchon - j'aime beaucoup Souchon, je crois que, dans le palmarès des dernières décennies, c'est quelqu'un d'important. Tout à coup, je me suis arrêté de faire ce que j'avais à faire pour l'écouter. J'étais heureux, parce qu'une fois de plus, il m'avait eu."
Au journal La Croix, Moustaki déclarait récemment : "J'ai eu une vie passionnante, je voudrais qu'elle le reste jusqu'au bout." Au micro d'Yves Calvi, il confie plein d'espoir que "c'est cette envie" qui l'empêche de baisser les bras. "Je sais que c'est possible. Je le ressens et certains témoignages que je reçois, très émouvants, me confirment que je ne suis pas sorti du jeu." Respect, monsieur Moustaki.