Abel Ferrara a peut-être passé un temps fou sur la pré-production de son film qui s'appelait encore il y a quelques jours The June Project, mais il tourne à la vitesse de l'éclair ! Désormais intitulé Welcome to New York, révèle le producteur Vincent Maraval, distributeur du film via Wild Bunch, le film vient de mettre fin à six semaines de tournage pour passer en post-production. Selon le producteur français – à l'origine du texte polémique sur le cachet des acteurs – une esquisse du film devrait être montrée au Festival de Cannes.
Porté par Gérard Depardieu dans un rôle proche du personnage de Dominique Strauss-Kahn , et Jacqueline Bisset dans celui de sa compagne trahie,Anne Sinclair , Welcome to New York ne compte pas s'intéresser à un homme en particulier. D'après Vincent Maraval, le nom de DSK ou la politique française lui sont "complètement égal". Il poursuit : "Il est intéressé par ce que cela signifie d'être publiquement déshonoré à cause d'une addiction, dans ce cas sexuelle, et ce que cela implique pour un couple qui a vécu dans le déni".
Si on en croit le distributeur français, la présence à Cannes du film deux ans après les violentes éclaboussures de l'affaire DSK, est quasi assurée. "L'idée est de montrer deux ou trois minutes vers la fin du Festival, de la même façon que nous avons projeté huit minutes du Grandmaster de Wong Kar-wai", annonce Vincent Maraval.
Welcome to New York, dont le titre ne manque pas d'ironie, s'inspirera librement du scandale qui toucha en mai 2011 Dominique Strauss-Khan. Le film sera ainsi divisé en deux parties, avec d'un côté l'arrestation du personnage principal pour des soupçons de viol, pour laquelle Abel Ferrara s'est basée sur des images et récits publics. La seconde partie est tournée dans la luxueuse maison de DSK à Tribeca, où l'homme politique a passé quatre mois au côté de sa femme. Dans cette version, il s'agira d'une pure fiction.
Une question se pose : et si les intéressés visés dans le film attaquaient ce dernier ? "Il y a une douzaine d'avocats qui travaillent sur le projet. Chaque scène tournée est validée par les avocats – même les improvisées – tout est vérifié", commente Vincent Maraval. Le producteur et distributeur nous informe même qu'il " y a une assurance d'Erreur et Omission afin que nous puissions vendre le film en étant assuré contre une possible action en justice". Au passage, Vincent Maraval a de nouveau égratigné le système de financement français, dans lequel "faire ce film aurait été impossible". "Nous avons fini par le faire sans le moindre euro français. Ça en dit long sur le système de financement et notre société", lâche l'influent distributeur. L'encre n'a pas fini de couler sur ce projet ambitieux et polémique...