Prolongées jusqu'au 21 mars, Caroline Sahuquet, Delphine Biard et Flore Grimaud n'ont pas fini de faire parler leur Spéculum. À la Manufacture des Abbesses, ces trois femmes portent toutes les casquettes : autrices, actrices et metteuses en scène. Sur scène, elles abordent le difficile – mais néanmoins incontournable – sujet du Distilbène, à la frontière du théâtre documentaire.
Commercialisé à la fin des années 40, ce médicament devait permettre aux femmes d'éviter les fausses couches. Interdit en 1977, le médicament est accusé de provoquer des cancers du vagin, du col de l'utérus et des malformations aux enfants exposés in utero... sur au moins deux générations. Non informées, les femmes ayant pris ce médicament ont enfanté au moins 300 "bébés DES", comme on les appelle. "Si nous avons voulu en parler, c'est aussi pour les mamans, parce que jamais je n'oublierai le regard de ma mère quand elle a su les effets du Distilbène. Un regard honteux, apeuré, comme coupable, elle qui évidemment n'y était pour rien. Il y a eu tant de culpabilité injuste dans les familles", détaille Flore Grimaud.
En 2004, Guillaume Depardieu signait, avec Marc-Olivier Fogiel, le livre Tout donner, un entretien-fleuve sous forme de confidences pour exorciser ses démons. Il y confie qu'il est lui-même un garçon DES, né malformé après que sa mère, Élisabeth Depardieu, a ingurgité du Distilbène. "Je ne suis pas né normal, confiait l'acteur à l'époque dans les colonnes de Paris Match. Ma mère a pris un médicament, le Distilbène, qui a été interdit, à la suite de tous les effets secondaires qu'il a engendrés : il y a eu trois cents cas en France, dont beaucoup de filles qui ont été rendues stériles." Et d'avouer les nombreuses interventions chirurgicales consécutives à l'ingestion de cette pilule : "J'ai eu des malformations corporelles, des os qui ont poussé en trop. Et j'ai donc eu plusieurs opérations, des trucs qui marquent, quand même, à cet âge... Par exemple, une opération au sexe. Les opérations des os, je les ai refusées – mais j'ai toujours un os qui a poussé en trop... Dès le départ, biologiquement, je n'étais pas normal !"
Alors qu'il tourne en Roumanie, Guillaume Depardieu contracte une pneumonie et une infection consécutive à son staphylocoque doré, résistant aux antibiotiques. Il est rapatrié à l'hôpital de Garches où il meurt trois jours après le début de sa maladie, le 13 octobre 2008.