Isabelle Adjani et Gérard Depardieu en couverture de VSD
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Lors de la remise de son cinquième César en février 2010, l'amitié et la complicité entre Gérard Depardieu et Isabelle Adjani a explosé. Ensemble, ils partagent l'amour du cinéma, l'amour tout court et un profond respect l'un pour l'autre. Après avoir joué dans Barocco, Camille Claudel et Bon Voyage, les deux stars du cinéma français se sont de nouveau donné la réplique dans un long métrage : Mammuth.
Road-movie social, ce film de Gustave Kervern et Benoît Delépine (Louise Michel, Aaltra) offre un rôle magnifique à Depardieu. Ce dernier part à la recherche de papiers administratifs pour sa retraite et, chevauchant sa moto, il se retrouve sur le chemin de sa vie, croisant entre autres personnages marquants, la femme de sa vie, un fantôme incarné par Isabelle.
Le magazine VSD les a réunit pour une très belle entrevue croisée dont nous vous proposons les extraits. Isabelle questionne Gérard et cela donne une série de confidences truculentes, émouvantes et toujours pleines de sincérité.
Avant de débuter l'interview, les choses étaient claires pour les deux comédiens. Isabelle n'avait pas préparé de questions : "Je ne vais tout de même pas me prendre au sérieux !" De son côté, Gérard répond : "C'est pas entre gitans qu'on va se raconter des histoires." Le ton est donné.
Inapte à la langue de bois, Gérard s'exprime sur la vision du monde qu'il a sans aucune retenue : "Notre société de paraître n'est pas faite pour l'amour. [...] On vit quand même dans une société de cons ! J'ai fait vingt-huit ans d'analyse, un mensonge total ! Les psys, je les prends devant moi, c'est de la merde ! [Isabelle éclate de rire] Je n'ai pas besoin d'expliquer mon intérêt à des escrocs de la vie. [...] Quand tu vois la Ferme mon cul à la télé, on enlève toutes les possibilités de destinées."
Pour Isabelle, Gérard se transforme en philosophe-poète : "Si tu me demandes ce que c'est que le temps, je te dirais que je n'en sais rien, mais ce que j'ai vécu avant ou ce que je rêve de faire, ça je peux te l'expliquer. Et le présent, c'est mon éternité."
En l'interrogeant, la comédienne définit son ami : "Tu es un anarchiste !" Toutefois, il précise : "De droite ! Vive les riches ! Je voyages parce que j'ai des affaires, du vin à faire, des enfants un peu partout. L'un est parti, mais il est constamment présent : Guillaume est un personnage tragique. Je comprends maintenant son courage, et maintenant j'arrive à être en paix grâce à lui." L'acteur n'est jamais aussi émouvant que quand il s'exprime sur son fils, tragiquement disparu en 2008.
S'il n'a pas peur d'afficher ses positions, Gérard Depardieu n'en diminue pas la grandeur de celles d'Isabelle : "Toi tu es une citoyenne engagée, tu soutiens la liberté d'expression, le Sidaction, tu luttes contre l'obscurantisme, l'assujettissement des femmes..." Au tour d'Isabelle d'ajouter : "Je suis engagée au fond de moi-même, pas une engagée de fond."
La conversation entre Isabelle et Gérard tourne à la déclaration d'amour et celui-ci l'appelle "Chérie" : "Dès que tu apparais, ma colonne vertébrale vibre ! Tu es une soeur, généreuse, courageuse, dans un métier extrêmement mysogyne. [...] Isabelle, quand je t'ai remis ton cinquième César, c'est à TOI que je pensais, pas à ce monde frustré. J'avais devant moi le Salon de l'agriculture, des bêtes à concours [rires]. Quoi que tu fasses, quoi que tu dises, tu as toujours fasciné, tu seras toujours le monstre, la victime ou le bourreau de quelqu'un."
Les derniers mots qu'ils s'échangent les unissent à jamais : "Est-ce que tu aimes ?", demande Gérard. "J'aime parce que l'amour est en moi". Et l'acteur conclut : "C'est ce que j'aurais répondu." Grand bonhomme pas forcément le plus diplomate, grande dame du cinéma à l'élégance indiscutable, Depardieu et Adjani se retrouvent dans leur passion pour la vie, le cinéma et leur sincérité.
Mammuth, avec aussi Yolande Moreau, sera au cinéma le 21 avril.
Retrouvez cette interview croisée dans son intégralité dans VSD n°1703 du 14 au 20 avril 2010.
Road-movie social, ce film de Gustave Kervern et Benoît Delépine (Louise Michel, Aaltra) offre un rôle magnifique à Depardieu. Ce dernier part à la recherche de papiers administratifs pour sa retraite et, chevauchant sa moto, il se retrouve sur le chemin de sa vie, croisant entre autres personnages marquants, la femme de sa vie, un fantôme incarné par Isabelle.
Le magazine VSD les a réunit pour une très belle entrevue croisée dont nous vous proposons les extraits. Isabelle questionne Gérard et cela donne une série de confidences truculentes, émouvantes et toujours pleines de sincérité.
Avant de débuter l'interview, les choses étaient claires pour les deux comédiens. Isabelle n'avait pas préparé de questions : "Je ne vais tout de même pas me prendre au sérieux !" De son côté, Gérard répond : "C'est pas entre gitans qu'on va se raconter des histoires." Le ton est donné.
Inapte à la langue de bois, Gérard s'exprime sur la vision du monde qu'il a sans aucune retenue : "Notre société de paraître n'est pas faite pour l'amour. [...] On vit quand même dans une société de cons ! J'ai fait vingt-huit ans d'analyse, un mensonge total ! Les psys, je les prends devant moi, c'est de la merde ! [Isabelle éclate de rire] Je n'ai pas besoin d'expliquer mon intérêt à des escrocs de la vie. [...] Quand tu vois la Ferme mon cul à la télé, on enlève toutes les possibilités de destinées."
Pour Isabelle, Gérard se transforme en philosophe-poète : "Si tu me demandes ce que c'est que le temps, je te dirais que je n'en sais rien, mais ce que j'ai vécu avant ou ce que je rêve de faire, ça je peux te l'expliquer. Et le présent, c'est mon éternité."
En l'interrogeant, la comédienne définit son ami : "Tu es un anarchiste !" Toutefois, il précise : "De droite ! Vive les riches ! Je voyages parce que j'ai des affaires, du vin à faire, des enfants un peu partout. L'un est parti, mais il est constamment présent : Guillaume est un personnage tragique. Je comprends maintenant son courage, et maintenant j'arrive à être en paix grâce à lui." L'acteur n'est jamais aussi émouvant que quand il s'exprime sur son fils, tragiquement disparu en 2008.
S'il n'a pas peur d'afficher ses positions, Gérard Depardieu n'en diminue pas la grandeur de celles d'Isabelle : "Toi tu es une citoyenne engagée, tu soutiens la liberté d'expression, le Sidaction, tu luttes contre l'obscurantisme, l'assujettissement des femmes..." Au tour d'Isabelle d'ajouter : "Je suis engagée au fond de moi-même, pas une engagée de fond."
La conversation entre Isabelle et Gérard tourne à la déclaration d'amour et celui-ci l'appelle "Chérie" : "Dès que tu apparais, ma colonne vertébrale vibre ! Tu es une soeur, généreuse, courageuse, dans un métier extrêmement mysogyne. [...] Isabelle, quand je t'ai remis ton cinquième César, c'est à TOI que je pensais, pas à ce monde frustré. J'avais devant moi le Salon de l'agriculture, des bêtes à concours [rires]. Quoi que tu fasses, quoi que tu dises, tu as toujours fasciné, tu seras toujours le monstre, la victime ou le bourreau de quelqu'un."
Les derniers mots qu'ils s'échangent les unissent à jamais : "Est-ce que tu aimes ?", demande Gérard. "J'aime parce que l'amour est en moi". Et l'acteur conclut : "C'est ce que j'aurais répondu." Grand bonhomme pas forcément le plus diplomate, grande dame du cinéma à l'élégance indiscutable, Depardieu et Adjani se retrouvent dans leur passion pour la vie, le cinéma et leur sincérité.
Mammuth, avec aussi Yolande Moreau, sera au cinéma le 21 avril.
Retrouvez cette interview croisée dans son intégralité dans VSD n°1703 du 14 au 20 avril 2010.