Isabelle Adjani a attendu longtemps avant de revenir sur scène. En 1972, elle était avec la troupe de Robert Hossein dans La Maison de Bernarda Alba, une coproduction avec la Comédie-Française, mais elle avait dû s'éloigner du théâtre pour se consacrer au 7e Art, qui la réclamait trop fort. En 1983, elle revient avec Mademoiselle Julie, dix-sept ans plus tard, elle joue La Dame aux camélias, et en 2006, elle est l'héroïne de La Dernière Nuit pour Marie Stuart. Huit ans plus tard, l'actrice aux cinq César fait son grand retour avec Kinship, inspirée de la tragédie Phèdre de Racine. Depuis le 4 novembre, elle brûle les planches aux côtés de Vittoria Scognamiglio et Niels Schneider.
Des photos exclusives de la pièce de théâtre Kinship nous dévoilent la comédienne Isabelle Adjani, femme passionnée et passionnante, donnant la réplique à Niels Schneider. Il fallait face à elle un comédien audacieux - remarqué dans Les Amours imaginaires de Xavier Dolan, il n'a pas eu peur de jouer dans la comédie érotique Les Rendez-vous d'après-minuit - pour lui donner la réplique. L'alchimie entre les deux êtres naît sur la scène, entraînant le spectateur dans un tourbillon de sentiments, l'histoire passionnelle qui se tisse entre une femme d'influence, rédactrice en chef, et un jeune reporter qui travaille sous ses ordres et l'obsède de plus en plus. Lui, il en est amoureux fou.
Stéphane Hillel, directeur du Théâtre de Paris et coproducteur, avec Richard Caillat et Thierry Suc, est revenu pour Le Monde sur les changements qui ont obligé le spectacle à être repoussé : "Nous avons constaté de grandes divergences quant à l'orientation prise sur scène ; s'ajoutaient à cela des retards et des décors beaucoup trop lourds. Quand ça ne va plus, mieux vaut couper la branche." A la mise en scène, Julien Collet Vlaneck a été remplacé par la costumière Dominique Borg - une amie d'Isabelle Adjani depuis le tournage de Camille Claudel -, le dispositif scénique a été confié au fils d'Isabelle Adjani, Barnabé Nuytten, et la création vidéo à Olivier Roset, pour en finir avec la vingtaine de décors précédemment imaginés, s'éloigner du réalisme et faire le choix du dépouillement. Un très bon choix.
Sur le plateau, Vittoria Scognamiglio a pris la succession de Carmen Maura - en trois semaines seulement - pour l'un des rôles principaux, résume le quotidien. Enfin, l'héroïne de L'Eté meurtrier a également le titre de "directrice artistique" : "Dominique me demande ce que je pense de ses options. Cela fait partie de notre manière de communiquer depuis toujours. Je ne peux pas obéir si cela va contre mon évidence organique."
Le flou dans la préparation de la pièce Kinship avait fait naître des rumeurs. Des attaques faciles et infondées. "Rien ne relève du caprice, mais de l'exigence ; ces changements sont malheureux, mais le théâtre est aussi fait de ça. Il est normal qu'une actrice de ce niveau-là souhaite être à la hauteur de l'attente qui accompagne son retour. Il n'y a jamais eu un mot plus haut que l'autre", a insisté Stéphane Hillel dans son entretien avec Le Monde. Parce qu'il s'agit de la star Adjani, les fantasmes de conflits et disputes sur les planches vont bon train. Pourtant, il n'est question que de passion pour l'art.
La pièce est superbe, Vittoria Scognamiglio et Niels Schneider sont magnifiques et la Adjani est époustouflante. Chaque soir, c'est une longue standing ovation qui résonne sous les ors du Théâtre de Paris !
Kinship, de Carey Perloff, avec Isabelle Adjani, Niels Schneider, Victoria Scgnamiglio, mis en scène par Dominique Borg. au Théâtre de Paris. Depuis le 4 novembre jusqu'au 25 janvier