C'est un immense danseur étoile et chorégraphe qui s'est éteint. Jean Babilée est mort, jeudi 30 janvier, a annoncé à l'AFP son épouse, Apolline-Marion. Le 3 février, il aurait eu 91 ans. Il avait une fille d'un précédent mariage.
De son vrai nom Jean-René-Albert-William Gutmann, il est né à Paris en 1923. Il étudie la danse à l'Opéra de Paris où il est l'élève de Gustave Ricaux et de Boris Kniaseff. Sa carrière débute en 1940 au Ballets de Cannes et se poursuit aux Ballets des Champs-Élysées, de 1945 à 1949. Il devient étoile de l'Opéra de Paris entre 1947 et 1953, avant de fonder sa propre compagnie en 1960. Jean Babilée est nommé directeur artistique du Ballet du Rhin en 1972, un poste qu'il n'occupe qu'un an. Pendant quelques années, Babilée joue au cinéma sous la direction de Georges Franju, Henri Bromberger, Michel Drach et Jacques Rivette.
En 1946, Jean Babilée crée avec Roland Petit Le Jeune Homme et la mort, écrit par Jean Cocteau. En 1983, le danseur reprend ce rôle qui a marqué sa carrière au théâtre du Châtelet. À partir de 1979 et durant six ans, Babilée triomphe également dans Life et Maurice Béjart. Un spectacle qui a énormément touché Marie-Claude Pietragalla et qu'elle a interprété elle-même en 1991 : "Une pensée pour mon ami Jean Babilée qui nous a quittés, cet éternel homme qui danse. Profonde tristesse", a écrit la jurée de Danse avec les stars sur Twitter.
L'épouse de Jean Babilée le décrit comme une "personnalité indépendante, libre n'ayant dansé que ce qui lui plaisait". Les spécialistes louent sa technique absolument parfaite, sa précision et ses gestes félins. Une présence que l'on n'oublie pas à laquelle Pierre Bergé a rendu hommage sur Twitter : "Jean Babilée, le plus grand danseur du XXe siècle après Nijinski, avant Noureev est mort. Il allait avoir 91 ans. Un génie incontestable." Celui qui fut le compagnon d'Yves Saint Laurent ajoute qu'il est très triste d'apprendre sa disparition. Gilles Jacob, président d'honneur du Festival de Cannes, se contente de quelques mots pour résumer son sentiment : "Il dansait comme un Dieu."
Chevalier de la Légion d'honneur, commandeur des Arts et des Lettres et officier de l'Ordre national du mérite, Jean Babilée était une fierté nationale. En 2000, Patrick Bensard, directeur de la Cinémathèque de la danse, retraçait la carrière de cet extraordinaire talent dans un documentaire intitulé Le Mystère Babilée.