"Jean-Jacques Bourdin, à la demande de la direction, se retire provisoirement des antennes de BFMTV et RMC". Ce sont par ces mots que la direction d'Altice Media débute son communiqué publié ce dimanche 23 janvier 2022. "Cette décision a été prise pour ne pas porter préjudice au fonctionnement quotidien de BFMTV et RMC. Ce retrait temporaire permettra d'éviter les instrumentalisations politiques et médiatiques de cette affaire", poursuit le document officiel.
Après la révélation dans Le Parisien samedi 15 janvier d'une plainte pour agression sexuelle pour des faits datant de 2013, la direction d'Altice Media, propriétaire de BFMTV/RMC, avait soutenu l'animateur de 72 ans tout en se disant prête à prendre "toutes les mesures qui pourraient s'imposer" en fonction de "l'évolution" de cette affaire. Et c'est donc ce qu'elle a fait suite à l'ouverture d'une enquête pour "agression sexuelle" par le parquet de Paris, confiée au commissariat du XVIe arrondissement, au sujet de cette plainte déposée par une ancienne journaliste de BFMTV/RMC dans ce même commissariat.
"Le groupe rappelle que Jean-Jacques Bourdin conteste vigoureusement les fais dénoncés et bénéficie de la présomption d'innocence. Le groupe rappelle qu'une enquête interne a été ouverte pour s'assurer qu'aucun fait de ce type n'a été porté à la connaissance des salariés et managers de l'entreprise", poursuit le communiqué d'Altice Media, qui précise qu'Apolline de Malherbe reprendra l'interview politique de Jean-Jacques Bourdin de 8h30 sur BFMTV/RMC à partir du lundi 24 janvier et que son émission La France dans Les Yeux, sur BFMTV, sera animée par Bruce Toussaint. Jean-Jacques Bourdin avait reçu Valérie Pécresse le 18 janvier dernier dans sa nouvelle émission politique, dans une ambiance très tendue en raison des accusations portées à son encontre.
Dans l'après-midi, Jean-Jacques Bourdin s'est exprimé, également par le biais d'un communiqué. "Je regrette la décision unilatérale du Groupe BFMTV et RMC de me retirer des antennes pour prévenir des risques d'instrumentalisation de la plainte dont je fais l'objet", fait savoir le journaliste qui déplore, selon lui, que "le principe de présomption d'innocence soit ignoré". "Je tiens à remercier les auditrices, auditeurs, téléspectatrices et téléspectateurs qui me témoignent leur soutien et espère les retrouver", conclut Jean-Jacques Bourdin.
Selon la plainte consultée par l'AFP, la femme qui accuse Jean-Jacques Bourdin (âgée aujourd'hui de 33 ans et qui a travaillé avec lui pendant plusieurs années sur la matinale de BFMTV) affirme que celui-ci lui a "saisi le cou", "a rapproché son visage" du sien et a "essayé de (l')embrasser à plusieurs reprises", sans y "parvenir", dans la piscine d'un hôtel de Calvi (Haute-Corse) en octobre 2013. Elle se serait "débattue" et serait parvenue à sortir de la piscine. M. Bourdin aurait alors dit: "J'obtiens toujours ce que je veux", "une menace de la part de quelqu'un qui avait un ascendant hiérarchique" d'après elle. Puis il lui aurait envoyé "durant plusieurs mois" des mails et des SMS insistants, ajoute la journaliste qui dit avoir "été sans cesse dans la peur" jusqu'à son départ du groupe en 2017.
Selon la plainte, la journaliste a "trouvé le courage d'en parler (...) avec la libération de la parole de la femme et l'affaire Nicolas Hulot", visé depuis la fin novembre par une enquête préliminaire pour "viol et agressions sexuelles".
L'animateur a démenti de son côté ces accusations. "Je connais cette personne, et j'ai travaillé avec elle. Je reconnais m'être baigné avec elle dans la piscine de cet hôtel. Mais je n'ai jamais tenté de l'embrasser de force, ni elle, ni jamais personne d'autre", a-t-il répondu il y a une semaine au Parisien. Ces faits, vieux de plus de huit ans, sont possiblement prescrits car la prescription en la matière est de six ans.
Figure de BFMTV, Jean-Jacques Bourdin a réitéré sa position mardi soir au début du lancement sur cette chaîne de sa nouvelle émission politique La France dans les yeux - un entretien mené en régions et en direct avec les principaux candidats à l'Elysée. "J'ai décidé de ne pas m'exprimer à ce sujet; je conteste les faits rapportés par la presse et je laisse la justice faire son travail", a-t-il réagi face Valérie Pécresse, sa première invitée. La candidate LR à la présidentielle avait conditionné sa participation à un "propos introductif" en début d'émission, "ce que BFMTV a accepté", avait indiqué son entourage.
Jean-Jacques Bourdin reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture de l'enquête.