Nouveau coup dur pour la direction d'iTÉLÉ et Jean-Marc Morandini : le CSA a décidé de prononcer deux mises en demeure contre la chaîne.
La première concerne "les manquements aux exigences d'honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l'information, dans l'émission Morandini Live". L'émission mise à l'antenne le 17 octobre a été synonyme de polémiques dès la diffusion de son premier numéro. Outre la présence d'une spécialiste de la politique américaine qui était en fait une responsable en ressources humaines et celle de Samantha, "experte média qui était à Los Angeles mais qui en fait est photographe à Londres", comme l'a dévoilé Yann Barthès dans Quotidien, il a été prouvé que la chroniqueuse Rachel Bourlier s'inspirait de fiches Wikipédia, lues parfois mot pour mot, afin de traiter ses sujets. Une méthodologie étrange pour la deuxième chaîne d'info de France.
Rappelons que l'arrivée sur la chaîne de JM Morandini, mis en examen pour corruption de mineur aggravée et placé sous contrôle judiciaire il y a quelques semaines, a provoqué un véritable bras de fer entre la rédaction et sa direction. Malgré deux motions de défiance, une grève ininterrompue des salariés et une tribune de la Société des journalistes (SDJ) dans Le Monde lui demandant de ne pas venir, le journaliste a tenu tête. Un bras de fer qui s'est soldé par la suspension de son émission Morandini Live tant que durera la grève.
La deuxième mise en demeure porte sur "l'absence de fonctionnement effectif depuis septembre 2015 du comité d'éthique prévu dans la convention de la chaîne, chargé de contribuer au respect du principe de pluraliste". Depuis le 17 octobre, les journalistes d'iTÉLÉ, en grève, demandent à leur direction la mise en place d'une charte éthique pour assurer son indépendance vis-à-vis de l'actionnaire. "L'inquiétude du Conseil s'accroît quant à la situation de la chaîne et à la persistance du conflit social qu'elle connaît depuis bientôt trois semaines, qui est de nature à affaiblir durablement la rédaction. Même si le Conseil n'a pas compétence pour arbitrer un conflit qui relève du droit du travail, il sera particulièrement attentif à ce que l'éditeur de la chaîne, titulaire d'une autorisation d'utiliser une fréquence publique, formule des propositions pour rétablir une offre de programmes qui contribue au pluralisme de l'information", poursuit le communiqué. Une façon de demander à la direction d'iTÉLÉ de reprendre le dialogue avec les salariés.
Dans la troisième partie de son communiqué, le CSA rappelle qu'il veille à "concilier l'indépendance des rédactions et la liberté de l'éditeur, quant à l'organisation du service et à la programmation éditoriale. A cet égard, le Conseil s'attachera à mettre en oeuvre le plus rapidement possible les nouvelles dispositions de la proposition de loi visant à renforcer la liberté, l'indépendance et le pluralisme des médias, adoptée par le Parlement le 6 octobre dernier".
"La direction d'iTELE prend acte de la décision du CSA de ce jour", a par suite fait savoir la chaîne.
Elle précise que lorsque l'émission Morandini Live reprendra, elle sera bien sûr soumise aux mêmes exigences de qualité et de rigueur que l'ensemble des programmes de la chaîne, et que le comité d'éthique dont la mission est de veiller au pluralisme sur la chaîne sera réuni à nouveau dans les meilleurs délais, comme le demande le CSA.