Lorsque son célèbre père, Maurice Jarre, est mort le 29 mars 2009 à l'âge de 84 ans, des suites d'un cancer, Jean-Michel Jarre a découvert que sa demi-soeur Stéphanie et lui avaient été déshérités. Le compositeur français aux trois Oscars (pour Lawrence d'Arabie, Le docteur Jivago et La route des Indes, avait légué tous ses biens (dont ses droits d'auteur) à sa dernière épouse Fui Fong Khong Jarre, avec laquelle il s'était marié en 1984. Cet héritage avait été transmis via un family trust, une structure juridique prévue par le droit californien qui permet de choisir son ou ses héritiers, à l'exclusion de toute autre personne, quel que soit le lien de parenté. En septembre 2017, la Cour de cassation avait alors décidé de déshériter Jean-Michel Jarre et sa demi-soeur, sachant que leur père avait organisé sa succession selon le droit californien. Le roi de la musique électronique avait alors saisi la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour faire valoir ses droits.
Bien avant la mort de son père, Jean-Michel Jarre avait une relation très complexe avec lui. Un sujet délicat qu'il aborde dans son long entretien accordé au Journal du dimanche le 6 octobre 2019, à l'occasion de la parution de son autobiographie Mélancolique Rodéo (publiée le 3 octobre aux éditions Robert Laffont).
Alors qu'ils partageaient le même amour de la musique, Jean-Michel Jarre a regretté que son père ne vienne jamais le voir. "On n'a même jamais parlé musique", déplore-t-il. Malgré tout, l'artiste de 71 ans n'a pas voulu pas rester trop amer. "Sur son lit de mort, j'ai aussi décidé de lui pardonner. Et aussi, selon l'ancienne tradition juive, de lui demander pardon de ne pas avoir su me faire aimer par lui", confie-t-il.
Lorsque les obsèques de son père se sont déroulées à Los Angeles, Jean-Michel Jarre était présent. Il s'en souvient comme si c'était hier : "Ses obsèques ont été surréalistes. Nous n'étions que quatre, pas un ami, pas une relation, devant un cercueil de location où reposait cet homme aux trois Oscars." Pour la référence de la musique électro, son père avait "dû avoir quelque chose de brisé dans sa vie pour être si handicapé du coeur." "Il n'y a rien de plus difficile pour un enfant que de se construire face à une béance. Mieux vaut une présence contre laquelle se rebeller", regrette-il.
Jean-Michel Jarre regrette également son prénom, choisi par son père. "Je déteste les prénoms composés !", lâche-t-il. "Mais il m'avait remarquer que Jean-Michel Jarre, ça sonnait bien ! Il faut le prononcer dans son entier sinon c'est une tare !", conclut-il.