Avec Jeannette Bougrab, on ne sait plus vraiment sur quel pied danser... Alors qu'elle est en pleine promotion de son nouveau livre intitulé Maudites, l'ex-secrétaire d'Etat UMP sous la présidence de Nicolas Sarkozy jongle entre critiques acides contre le dessinateur Luz, ancien collègue de son regretté compagnon Charb, et moments d'émotion. Invitée sur le plateau de On n'est pas couché le 16 mai 2015, elle a évoqué avec douceur la situation de sa maman, mourante.
Avec Maudites (Ed Albin Michel), Jeannette Bougrab retrace le parcours de quatre femmes fortes, dont celui de la récente prix Nobel de la paix, Malala, mais surtout celui de sa mère Zohra. Alors qu'elle avait déjà évoqué par le passé l'état de santé de sa maman, elle a confié qu'aujourd'hui, elle s'apprête à lui dire adieu. "Je suis en train de la perdre, elle est en soins palliatifs. J'enchaîne une mort pour une nouvelle mort", a-t-elle ainsi déclaré en faisant un lien avec le récent décès du dessinateur Charb, son ex-compagnon mort lors des attentats commis contre Charlie Hebdo en janvier dernier. Et Jeannette Bougrab, qui doit prochainement quitter la France pour prendre un poste de chef du service d'action culturelle à l'ambassade de France d'Helsinki (effectif dès le 1er septembre), d'ajouter : "Je me dis que de prendre un peu mes distances [avec la France, NDLR], ça va me permettre de faire deux deuils assez difficiles."
Et pour cause, Jeannette Bougrab n'a rien caché de l'admiration qu'elle porte à sa maman et de la tristesse qui est la sienne de la voir mourir. "Ma mère était ma boussole, elle m'a permis de m'émanciper, de devenir la femme que je suis", a-t-elle raconté. Jeannette Bougrab, qui parle de sa maman de 67 ans, victime d'un cancer du pancréas, comme de son héroïne, a révélé qu'elle dort à ses côtés dans sa chambre d'hôpital et qu'elle souffre de voir sa mère si mal en point, bourrée de médicaments, entre antidouleurs et Xanax. D'ailleurs, cette dernière, à qui l'on ne donnait pourtant que deux mois à vivre en août de l'année passée, s'est récemment cassée le col du fémur, ajoutant encore plus de douleur à celle qu'elle subissait déjà.
Si elle est logiquement bouleversée de devoir se préparer à la mort de sa maman - "Je vais enterrer ma mère dans quelques jours", considère-t-elle avec lucidité -, Jeannette Bougrab n'est toutefois pas près d'oublier celle qui lui a donné la vie, et son livre est d'ailleurs une forme d'hommage. On y apprend ainsi le parcours chaotique de Zohra Bougrab, mariée de force à 13 ans avec un homme beaucoup plus vieux, maltraitée par sa mère puis par sa tante en Algérie avant de venir s'installer en France, ne sachant ni lire ni écrire.
Le livre Maudites a cependant été attaqué par la chroniqueuse Léa Salamé sur le fait que Jeannette Bougrab prétend écrire un livre sur l'histoire de quatre femmes face à l'islam alors qu'elle estime qu'elle accorde surtout une grande importance à sa propre histoire. Des attaques auxquelles Jeannette Bougrab a eu beaucoup de mal à répondre, remettant toujours sur le tapis l'histoire de sa maman ou les nombreux voyages qu'elle a faits dans des pays comme le Pakistan ou le Yémen pour constater les conditions de vie des femmes. Quant à l'évocation de sa relation avec Charb, elle estime que "l'affaire est close", ayant déjà dit ce qu'elle avait dire. Si elle ne sait pas et ne veut pas savoir pourquoi la famille du dessinateur a démenti leur romance, Jeannette Bougrab veut passer à autre chose, même si elle sait que sa blessure ne cicatrisera sans doute jamais. "Je ne suis toujours pas allée sur sa tombe et je ne pourrai sans doute jamais le faire", a-t-elle dit.
Thomas Montet