Si les Français pensaient qu'à l'instar de Valérie Trierweiler, l'ancienne secrétaire d'État Jeannette Bougrab (UMP) avait livré tout ce qu'elle avait sur le coeur, ils se trompaient lourdement ! En effet, alors qu'elle doit très prochainement prendre de nouvelles fonctions en Finlande, elle ne compte pas quitter l'Hexagone sans décocher quelques flèches trempées dans l'acide. À l'occasion de la sortie de son livre intitulé Maudites (Albin Michel), elle a accordé une interview au très droitier et décrié magazine Valeurs actuelles. La cible principale de ses critiques ? Le dessinateur Luz, ex-collègue de son compagnon Charb, mort en janvier dernier.
Lorsque Charb, de son vrai nom Stéphane Charbonnier, est mort dans l'attaque terroriste commise par les frères Kouachi, survenue dans les locaux de Charlie Hebdo en janvier dernier, le grand public découvrait alors que Jeannette Bougrab avait été sa dernière compagne. Si la compassion a d'abord été le sentiment premier, très rapidement les avis se sont trouvés divisés suite aux affirmations de la famille du dessinateur selon lesquelles ils n'avaient jamais vécu d'histoire de coeur. Puis, la multiplication des interventions médiatiques de Jeannette Bougrab, qui prouvait photos à l'appui qu'elle avait bel et bien vécu une romance avec le caricaturiste, en ont irrité plus d'un, mal à l'aise face à ce déballage public. Ses derniers propos en date ne risquent pas d'adoucir ses détracteurs...
Fervente partisane de la laïcité et par extension du droit de rire et de se moquer des religions, Jeannette Bougrab semble scandalisée par la récente décision du dessinateur Luz, annoncée dans Les Inrocks, d'arrêter de caricaturer le Prophète (alors que la couverture du fameux numéro des survivants était déjà une courageuse caricature de ce dernier et que le simple fait de le dessiner a failli lui coûter la vie). "Moi, contrairement à Luz, je continue à parler du Prophète. Lui écrit du XIe arrondissement. Moi, je suis allée dans la vallée de Swat [au Pakistan, pour tourner un documentaire, NDLR]", attaque-t-elle dans Valeurs actuelles, qu'elle a rencontré dans un restaurant italien du très prisé VIe arrondissement de la capitale. Et l'ex-figure du quinquennat Sarkozy de le qualifier en des termes assassins : "Un médiocre, un usurpateur."
Jeannette Bougrab en rajoute une couche, tapant elle-même sur les clous du cercueil où elle semble vouloir l'enterrer. En effet, si Luz est aujourd'hui en vie, c'est parce qu'il est arrivé très en retard - la faute à "une méchante gueule de bois" - à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo au cours de laquelle 12 personnes ont trouvé la mort. "On a connu mieux comme héros", dit-elle. Véritablement excédée par la décision personnelle de Luz, elle estime qu'il baisse les bras face aux extrémistes et va jusqu'à juger qu'il "finit le job" entamé par les frères Kouachi. "La greffe qui marche le moins bien, c'est la greffe de couilles", fustige-t-elle. Luz, qui selon Médiapart aurait annoncé son départ du journal satirique, appréciera...
C'est donc loin de la France que Jeannette Bougrab, qui sera une fois encore en interview ce samedi 16 mai 2015 dans l'émission On n'est pas couché, va tenter de se reconstruire après des mois de souffrance (elle n'a pas assisté aux funérailles de son compagnon) et une tentative de suicide. Elle a accepté, sur les conseils du Premier ministre Manuel Valls, un poste de chef du service d'action culturelle à l'ambassade de France d'Helsinki. "J'emmène May [sa fille adoptive âgée de 4 ans et demi, NDLR] au pays du Père Noël", dit-elle dans un inattendu moment de douceur.
Thomas Montet
L'interview de Jeannette Bougrab est à lire dans Valeurs actuelles, en kiosques le 13 mai 2015.