La tournée des interviews continue pour Jeannette Bougrab qui fait actuellement la promotion de son livre, Maudites (Albin Michel). Interrogée par le magazine Gala, la compagne de Charb - Stéphane Charbonnier, dessinateur et directeur de la rédaction de Charlie Hebdo assassiné le 7 janvier dernier - révèle que c'est grâce à sa fille adoptive May qu'elle s'en sort aujourd'hui et annonce également désirer un deuxième enfant.
"Je m'apprête à engager une procédure d'adoption"
Bientôt cinq mois après la tuerie de Charlie Hebdo, Jeannette Bougrab souffre encore de la perte de son compagnon. Se défaire de ses affaires est d'ailleurs une chose impossible pour elle qui garde précieusement des objets qui peuvent paraître anodins. "J'ai toujours sa brosse à dents et un T-shirt avec son odeur que je garde précieusement enfermé pour ne pas qu'elle disparaisse", révèle-t-elle par exemple.
Se relever, aller de l'avant, l'ancienne secrétaire d'État en a envie mais la douleur est encore trop vive. Si elle arrive à se lever tous les matins, c'est grâce à May : "Elle m'aide à tenir, sinon tout serait différent". La petite fille a en effet bien conscience que sa mère est en souffrance. "Aujourd'hui encore, quand May voit que je suis triste, elle prend son téléphone jouet et me dit : 'Tiens maman, c'est Charb, il veut te parler !'", confie Jeannette Bougrab.
Elle qui quittera bientôt la France pour la Finlande - un pays connu pour sa qualité de vie -, où l'attend un poste d'attachée culturelle à l'ambassade. Elle explique qu'elle désire agrandir sa famille, pour May : "Elle souhaite avoir une petite soeur. Alors je m'apprête à engager une procédure d'adoption, pour un deuxième enfant, toute seule." Une façon de démarrer une nouvelle vie, certainement plus heureuse.
"Je préfère me dire que la vie continue"
Invitée mardi par Ruth Elkrief sur le plateau de BFMTV, la quadragénaire a aussi évoqué le scandale survenu après son interview réalisée sur ce même plateau, au lendemain de la tuerie. Jeannette Bougrab s'était écroulée en criant son amour pour Charb. "Je n'ai pas perçu ou senti que cette interview que nous avons faite ensemble allait autant bouleverser des personnes. Dans le bon, comme dans le mauvais sens du terme. Avoir été lynchée, car c'est comme ça que je l'ai ressenti, avoir été violemment rejetée, il y aussi d'autres personnes qui m'ont écrit et j'ai mis des semaines, si ce n'est des mois pour ouvrir leurs lettres. J'en profite donc pour leur dire merci. (...) Je n'ai pas encore eu la force de leur répondre", a-t- elle déclaré.
Meurtrie par cette histoire, Jeannette Bougrab a confié "aller mieux". "Je préfère me dire que la vie continue, qu'on ne se construit pas dans la colère" a-t-elle ajouté. On apprenait justement hier que la mère de Charb lui avait écrit une lettre. La famille de Charb qui avait démenti "formellement l'engagement relationnel" semble aussi vouloir privilégier le pardon. "Des choses ont dû leur échapper. Je n'ai pas de rancoeur à leur endroit", a conclu la femme politique dans le magazine Gala.
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Jeannette Bougrab dans le magazine Gala, en kiosques le 20 mai 2015.