Il aura fallu plus qu'un simple film pour attirer les projecteurs sur Jessica Chastain, encore inconnue il y a un an. Démesuré, fascinant, irritant, The Tree of Life a permis à Terrence Malick de quitter sa léthargie filmique - après quatre films en trente ans, il en tourne trois parallèlement - et à la jolie rousse d'exploser aux côtés de Brad Pitt et Sean Penn.
C'est la première à avouer que "cette année n'est pas du tout normale !" car il faut ajouter à la Palme d'or de The Tree of Life cinq autres films qui sont sortis dans un désordre absolu. Quelques mois après L'affaire Rachel Singer, où elle interprétait une jeune Helen Mirren, Jessica Chastain aparaissait dans La couleur des sentiments, succès modeste sur le territoire français mais véritable raz-de-marée américain. Le 28 décembre, elle sera à l'affiche de Killing Fields, un polar avec Sam Worthington (Avatar) réalisé par Ami Canaan Mann, fille de Michael Mann (Collateral). Une semaine plus tard et une année plus loin, le 4 janvier 2012, elle plongera dans la paranoïa de Take Shelter, qui "évoque la situation critique" des Etats-Unis. Le film catastrophe repartait lui aussi de Cannes avec un prix, celui de la semaine de la critique.
Il faut ajouter à cette filmographie des films encore inédits et, curieusement, tous deux réalisés par des acteurs prestigieux qui s'intéressent à des dramaturges anglais : Wilde Salome, tiré d'Oscar Wilde et porté par un Al Pacino qui la filme comme l'ultime objet de désir, et Coriolan, une histoire de vengeance de Ralph Fiennes inspiré par Shakespeare.
Une année plutôt productive pour la comédienne révélée dans le film indépendant Jolene il y a quatre ans. Elle avoue dans Madame Figaro : "Tout cela m'a placée sur le devant de la scène. Cannes a été une expérience assez folle dont j'ai bien profité. (...) C'est vrai que l'on me reconnaît un peu maintenant. D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, j'ai été surprise de voir que des photographes me suivaient alors que j'allais chez Colette à Paris." En seulement quelques mois, Jessica Chastain a vu les étoiles défiler devant ses yeux mais n'en reste pas moins lucide : "Ma notoriété est due au facteur chance. L'année prochaine, Hollywood s'emballera pour une nouvelle actrice (...) Même si j'adore mon métier, je ne me souhaite pas un tel rythme l'an prochain... sous peine de devenir dingue !"
Avec déjà trois projets confirmés, la belle va être forcée de refuser les avances des producteurs. Actuellement sur les plateaux de Mama, un film d'horreur réalisé par Guillermo Del Toro (Le labyrinthe de Pan), Jessica Chastain donnera la réplique à Shia LaBeouf en gangster dans Wettest Country, rejoindra Tom Cruise dans l'épopée de science-fiction Oblivion et pourrait même apparaître le temps d'une scène dans un des mystérieux projets de Terrence Malick. Mais tous les regards sont posés sur Caught in Flight, la biographie très attendue de Lady Di réalisée par Oliver Hirschbiegel : "Je ne réalise pas encore, mais c'est une grande responsabilité, car le rôle est délicat. Je suis assez éloignée de la princesse Diana, il me faudra donc beaucoup travailler, la gestuelle notamment. Elle me semblait extrêmement généreuse, je partirai sans doute de là pour endosser le personnage."
Rarement le décollage hollywoodien d'une actrice aura été si fulgurant et prestigieux : "Après The Tree of Life, j'ai reçu beaucoup de propositions similaires pour jouer une mère parfaite. À croire que Hollywood manque d'imagination". Jessica Chastain, elle, n'en manquait pourtant pas à ses débuts : "Lorsque j'étudiais à la Julliard School à New York, je n'avais parfois même pas de quoi prendre un taxi, mais je rêvais déjà d'avoir un sac Vuitton !" Aujourd'hui, c'est Louis Vuitton qui rêve d'elle sur les tapis rouges, où elle arbore ses créations.
Retrouvez l'interview de Jessica Chastain dans Madame Figaro, en kiosques le 16 décembre.