Dans Zero Dark Thirty, Jessica Chastain crève littéralement l'écran. On la croyait douce, fragile, intouchable. Pour Kathryn Bigelow, elle deviendra l'illustration du courage, de l'abnégation et de la force morale. Auteure d'une ascension fulgurante depuis un an et demi, la plus belle des rouquines hollywoodiennes est en passe de remporter la prestigieuse statuette de la meilleure actrice pour sa performance dans Zero Dark Thirty. Alors que le film sort en France et subit la polémique aux États-Unis, Jessica Chastain se dévoile et raconte son tournage bouleversant, loin de ses amis et de son cocon new-yorkais.
Les larmes et la distance
Mère tendre dans Take Shelter ou The Tree of Life, femme de caractère dans L'Affaire Rachel Singer ou bien Des hommes sans loi. En quelques mois, la délicieuse et pétillante Jessica Chastain a étalé une large palette de jeu. Mais il manquait LE rôle. Celui qu'obtiendra ici l'actrice âgée de 35 ans, désormais favorite à l'Oscar de la meilleure actrice pour cette prestation remarquée. Dans Zero Dark Thirty, elle se glisse dans la peau de Maya, agent du FBI qui fera de la traque d'Oussama Ben Laden une priorité personnelle et professionnelle. Près de 10 ans de lutte contre elle-même, la pression des administrations et les tensions sur les dangers d'un territoire hostile.
Entre l'Inde et la Jordanie, Jessica Chastain avoue avoir vécu plusieurs mois d'un tournage "éprouvant et loin d'être une partie de plaisir", peut-on lire dans les colonnes de Version Femina. Elle raconte alors la dureté d'un tournage loin des paillettes hollywoodiennes, et avoue s'être "sentie souvent déprimée, isolée, parfois effrayée" à des milliers de kilomètres de ses amis. Les scènes de torture (que l'équipe tournera dans une prison en Jordanie) l'ont "perturbée", au point de la voir "quitter le plateau pour pleurer à l'écart de l'équipe".
A l'opposé de son caractère
"C'était trop pour moi qui suis de nature joyeuse et très expansive", raconte-t-elle. Pourtant, elle avait une idée de ce qui pouvait l'attendre alors qu'elle travaillait en amont sur le personnage de Maya, une femme "très analytique, capable de contrôler ses émotions" alors que l'actrice se dit être tout le contraire "hyperémotive et impulsive". "Heureusement, Kathryn Bigelow a toujours été patiente avec moi", glisse-t-elle, on en veut pour preuve la complicité affichée par les deux femmes lors de la promotion américaine du film.
Encore habitée par le rôle, Jessica Chastain n'hésite pas à monter au créneau et défendre sa réalisatrice. "J'admire le courage de Kathryn, son cinéma musclé et intellectuel", confie-t-elle à L'Express Styles. Questionnée sur l'inévitable polémique qui gravite autour du film – dont le succès ne désenfle pas –, Jessica Chastain réfute l'idée "d'une apologie de la torture", préférant arguer d'"une réflexion sur la guerre brute, sauvage, animale, folle".
Débutant sur une intense scène en fond noir où l'on peut entendre des conversations téléphoniques le 11 septembre, Jessica Chastain est une réponse ultime à l'horreur de cette date, dans une scène finale forte en émotion. Elle se remémore à l'occasion cet événement qui bouleversa l'Amérique. "Je me souviens de cette journée comme si c'était hier", elle qui n'habitait pas loin des tours jumelles, cibles de l'attentat. "J'étais devenue parano", avoue Jessica Chastain.
L'avenir, la France
Il faudra s'habituer à voir Jessica Chastain sur nos écrans. Pour cette boulimique de travail qui vient d'enchaîner neuf films en deux ans et qui "n'excelle pas quand il s'agit de faire un break", 2013 sera encore une année Chastain. Outre Zero Dark Thirty qui pourrait bien consacrer la ravissante l'actrice, on la verra naviguer entre le film d'épouvante (Mamá), le biopic (Tar) ou la romance (le diptyque The Disappearance of Eleanor Rigby) et sur les planches avec The Heiress.
Jessica Chastain ne cache d'ailleurs pas plus ses envies d'Europe, mieux : de France. "J'ai une passion pour le cinéma français. Je voudrais m'installer à Paris", a-t-elle confié à L'Express Styles. Ses envies ? Tourner avec Olivier Assayas ou Michael Haneke, et pourquoi pas au côté d'Isabelle Huppert, qu'elle voit comme "la perfection absolue".