JoeyStarr, romantique culinaire : "La bouffe ça fait partie des préliminaires !"

JoeyStarr est en pleine préparation de son nouvel album solo, le deuxième. Après Gare au Jaguarr, la moitié du groupe mythique NTM est de retour en studio, qu'il a envahi dès sa sortie de prison, en janvier 2010. Aujourd'hui apaisé, il a repris sa vie de père de famille, avec ses fils Matis et Kalil, 5 et 3 ans.

JoeyStarr s'est reconverti en acteur, il figurera au générique de la prochaine comédie de Jonathan Zaccaï, Tout le monde peut se tromper. Il jouait en mars 2010 dans L'immortel, de Richard Berry, était en tournage pour C'est ma nature, de Patrick Lévy, et est prévu pour Nuit Blanche de Frédéric Jardin cette année. On l'attend aussi dans le nouveau film de Maïwenn, qui se plongera dans une brigade de protection des mineurs.

Pour autant, la musique anime toujours sa vie. Il sera sur scène à Lyon du 1er au 5 juin 2011 lors de la 9e édition du festival des Nuits Sonores. Le rappeur jouera le samedi 4 juin à la piscine du Rhône au cours d'une après-midi "all day long" animée par Pedro Winter, ex-manager des Daft Punk et fondateur du label Ed Banger.

Alors entre musique et cinéma, et série car il ne faut pas négliger sa brillante interprétation de Moktar dans Mafiosa, sur Canal +, JoeyStarr s'occupe comme il peut. Avec le peu de temps qu'il lui reste. Il joue un peu au poker, il se murmure d'ailleurs qu'il pourrait représenter la nouvelle salle de poker en ligne, MyPok, selon Poker-actu, et il cuisine pas mal.

Les festins, c'est son truc, et cuisiner il sait faire. C'est ce que Didier Morville de son vrai nom, le rappeur de 43 ans, explique au magazine Fricote. Un excellent trimestriel culinaire qui aborde la nourriture avec un angle assez people et branché.

Les goûts de JoeyStarr sont vagues, épicés, ouverts. En cuisine surtout. Ce qu'il préfère, à part sa propre cuisine (rôti de dinde au miel, gratin de patates douces à la morue...), est assez large : "J'adore la cuisine antillaise, les cuisines indienne, asiatique, italienne, mais il n'y a que moi qui fais à manger chez moi, et je fais à manger tous les jours. Personne ne touche aux fourneaux. J'adore la viande mais tu me donnes un pneu et une patate et je me démerde. Dans mon congélo, il y a toujours de la viande et du poisson. Après je descends acheter quelques légumes et c'est parti. Il n'y a jamais "rien", le néant n'existe pas dans mon frigo."

Facile à croire, une fois qu'on sait, mais difficile à imaginer. Un rappeur aux dents d'or, adepte des coups de sang et du manque de patience. Alors lorsqu'il explique où et comment il a appris à cuisiner, ça prend tout son sens. "Mon père était un rural à la base et aux Antilles, les gens savent plus ou moins tous cuisiner, la génération de mes parents en tout cas. Ayant toujours vu mon père cuisiner, et même si je n'ai jamais réellement cuisiné avec lui, je me suis rendu compte que j'avais beaucoup de restes de cette éducation. Ça vient aussi de mes stages de réinsertion sociale où j'ai choisi cuisine. Par contre là je n'ai pas trop fait de cuisine, j'ai surtout fait commis, lavé par terre et ainsi de suite..."

Alors qu'il expliquait en avril dernier être amoureux, JoeyStarr évoque une fois de plus son histoire d'amour. Leur passion commune pour la bonne chère : "Je me fais des petites excusions culinaires. On est quand même en France et il n'y a pas besoin d'aller très loin pour bien manger. On se fait des chambres d'hôtes, on part à deux (sourire)... Je commence à connaître des coins, à connaître des gens. Un autre truc qui est terrible, c'est arrivé à plusieurs reprises sur la dernière tournée, il y a des mecs qui viennent avec des cartons de bouffe. Je trouve ça mortel. Le mec arrive avec des bocaux, du saucisson, du vin... Et c'est pour moi. Pas pour les autres, c'est juste pour moi. Je prends ça comme une médaille !"

Puis, brillante question, le journaliste demande à l'artiste de comparer chacun de ses albums, les quatre avec NTM et son solo, avec de la gastronomie. JoeyStarr s'en donne à coeur joie. "Le meilleur plat avec NTM, c'est le dernier. Paris sous les bombes, ce serait une belle souris d'agneau. Avec une polenta un peu relevée, piégée. Ça a un goût de coriandre au départ et ça finit en lame de rasoir, tu vois ce que je veux dire ? Authentik, ce serait des pommes de terre sautées avec des lardons, avec pas assez d'ail et pas assez de persil. 1993 ce serait une bonne soupe, une soupe à l'oignon un peu gratinée par exemple. Et l'album que j'ai fait tout seul, je le vois comme un bon gratin de morue avec des patates douces, bien relevé. Quelque chose d'un peu plus exotique, plus proche de ce que je veux faire."

Poète, gentleman, JoeyStarr qui chantait pour le défilé Etam, termine par cette phrase lourde de sens : "Je considère que la bouffe, c'est un geste commercial si tu vois ce que je veux dire. Par rapport à une meuf, ça fait partie des préliminaires..."