L'affaire John Galliano de retour devant les tribunaux. Le Telegraph écrivait l'été dernier que le créateur pourrait poursuivre devant les prud'hommes la maison Christian Dior. Une première audience, consacrée à des questions de procédure, s'est déroulée lundi 4 février à Paris.
À l'issue de cette audience, l'avocate du créateur britannique, Me Chantal Giraud-van Gaver, a indiqué que John Galliano demandait la nullité de son licenciement et réclamait des dommages et intérêts pour "licenciement sans cause réelle et sérieuse". L'avocate ne précise pas le montant de ces indemnités, mais le Telegraph avançait le chiffre de 15 millions d'euros.
Après un dérapage antisémite à la terrasse d'un café du IIIe arrondissement de Paris, John Galliano était remercié par la maison Dior en mars 2011, puis condamné en septembre 2011 à 6000 euros d'amende avec sursis pour injure à caractère antisémite. Devant la cour, le créateur révélait souffrir d'une "triple addiction" au moment des faits. L'avocate de John Galliano rappelle qu'il est interdit en France de licencier un employé pour raison de santé. Reste à savoir si les prud'hommes sont compétents pour statuer sur cette affaire. C'est ce qu'ont réfuté la maison Dior et la société John Galliano (qui appartient à Christian Dior Couture). Elles considèrent que John Galliano n'était pas un salarié de Dior et jugent cet argument "aberrant" selon l'agence Reuters.
Les prud'hommes s'étant finalement déclarés compétents, la maison Dior a quinze jours pour éventuellement demander à une cour d'appel son avis sur la question. Me Chantal Giraud-van Gaver prédit que le fond de l'affaire ne sera pas débattu avant octobre ou novembre.
Premiers pas chez de la Renta
Arrivé en 1996 dans la célèbre maison parisienne, cet extravagant John Galliano parvient grâce à ses excès, ses idées, ses défilés spectaculaires et son génie à multiplier le chiffre d'affaires par quatre. Galliano remplace Dior au coeur de la Couture parisienne, fait de la maison un bouillon vibrant d'idées, une machine de guerre économique ultraperformante. La mort de son bras droit, Steven Robinson, d'une overdose de cocaïne, en avril 2007, plonge le couturier dans un profond désarroi. John Galliano sombre dans la drogue, l'alcool et les médicaments jusqu'à ce dérapage qui lui coûte sa place.
Après l'affaire, John Galliano disparaît et se soigne. Kate Moss lui tend la main et le créateur dessine sa robe de mariée. "Kate m'a permis de redevenir John Galliano. Je ne pouvais même plus tenir un crayon", confiait le mois dernier Galliano au quotidien spécialisé Women's Wear Daily (WWD). Dans ce même numéro de WWD, nous apprenions le retour de Galliano dans un studio de création grâce au très respecté Oscar de la Renta. "Tout le monde a droit à une deuxième chance, surtout quelqu'un d'aussi doué que John", estime le créateur dominicain. John Galliano vient de passer trois semaines dans ses studios pour se réacclimater et aider à la mise au point du défilé automne-hiver 2013-2014, qui sera présenté lors de la Fashion Week de New York. C'est la toute première étape d'un possible retour de Galliano à la création. Retour soutenu par Anna Wintour.
En France, l'ancien assistant de Galliano, Bill Gaytten, a repris les rênes de la création de la marque John Galliano. Dior Couture est désormais entre les mains d'un autre surdoué, le Belge Raf Simons.