Ce sont des images qui resteront historiques. Jeudi 2 mai 2024, l'assemblée a approuvé la création d'une commission d'enquête sur les "abus et violences" dans le cinéma, l'audiovisuel, le spectacle vivant, la mode et la publicité. Une décision qui fait suite à une demande de l'actrice Judith Godrèche. La comédienne qui avait dénoncé les agressions dont elle aurait été la victime adolescente, notamment des réalisateurs Jacques Doillon et Benoit Jacquot, n'a pas pu retenir ses larmes alors qu'elle se tenait dans les tribunes.
C'est à l'unanimité que les députés ont adopté la proposition de résolution initiée par l'écologiste Francesca Pasquini. "Il faut que cette commission soit menée à bien. C'était extrêmement émouvant d'entendre ces mots dans un lieu où on fait les lois, alors qu'il y a une absence de la loi sur les tournages", a réagi l'actrice de 52 ans auprès de l'AFP après le vote des députés.
La commission d'enquête - qui devra être formée le 13 mai, commencer ses auditions le 20 mai et rendre ses conclusions dans six mois - devra "évaluer la situation des mineurs évoluant au sein des secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité", mais aussi des majeurs, après que la Commission des affaires culturelles a étendu le champ d'investigation envisagé. Elle devra également "identifier les mécanismes et les défaillances qui permettent ces éventuels abus et violences", "établir les responsabilités de chaque acteur en la matière" et "émettre des recommandations sur les réponses à apporter".
Francesca Pasquini a salué le vote de ses homologues, disant avoir hâte que la commission se mette au travail et "passe à l'action". "Il est temps d'arrêter de dérouler le tapis rouge aux agresseurs", a-t-elle déclaré. Pour sa part, la députée Perrine Goulet (MoDem), présidente de la Délégation aux droits des enfants a dit : "Chère Judith, si les autres ne vous ont pas entendue [elle fait référence au discours de Judtih Godrèche aux César, NDLR], nous vous avons entendue, nous députés. Alors aujourd'hui, nous allons faire mieux que vous écouter. Nous allons agir parce qu'il y a urgence."
Rappelons que Judith Godrèche a porté plainte contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques remontant à son adolescence. Une enquête préliminaire a été ouverte à Paris contre les deux réalisateurs, qui ont réfuté par la voix de leurs avocats respectifs les accusations lancées contre eux.
La création de cette commission d'enquête intervient au lendemain de la parution du livre de l'actrice Isild Le Besco - petite soeur de Maïwenn - où elle revient longuement sur sa relation avec Benoît Jacquot, entamée quand elle avait 16 ans. Si elle l'accuse de l'avoir violée, elle affirme ne pas être prête à porter plainte contre lui.