En 2017, Judith Godrèche faisait partie des femmes qui révélaient avoir été agressées par le puissant et désormais déchu producteur hollywoodien Harvey Weinstein. Six ans plus tard, dans le cadre de la promotion de la série qu'elle a réalisé Icon of French Cinema, la comédienne revient sur le couple qu'elle a formé avec celui qui l'a dirigée le réalisateur Benoît Jacquot alors qu'elle était adolescente. Une relation connue de tous - ils ont même acheté un appartement à Paris - mais qui apparaît désormais sous un autre jour : celui d'une mineure sous l'emprise d'un cinéaste quadragénaire pendant plusieurs années. S'ensuivent des déclarations très fortes de la part de l'héroïne de Ridicule qui va déposer une plainte pour "viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans" contre le réalisateur en février 2024. Figure française du mouvement de libération de la parole de la femme dans le milieu du cinéma, Judith Godrèche est très active désormais pour protéger et défendre les victimes d'agression sexuelle. Maman de deux enfants, Noé, dont le père est Dany Boon, et Tess, qu'elle a eue avec Maurice Barthélémy veille à ce que son combat ne s'éteigne pas via des prises de paroles puissantes.
Comme ce post Instagram daté du 24 février 2025 dont le message est limpide. Publiant une série de photos d'elle au ski avec Benoît Jacquot lorsqu'elle était adolescente, elle écrit en légende : "Les images ont-elles une voix? Un coup de revolver inaudible que les oiseaux perçoivent quand même. Ce coup de revolver là j’aurai aimé en être à l’origine. Prévenir. Avant que cet homme ne puisse aborder d’autres jeunes filles. Le cri arrive trop tard. Mais la vérité à des ressources inespérées. Tout comme les enfants."
Le contexte de ces photographies est encore plus glaçants lorsqu'on rappelle ce qui est écrit dans un article du Monde sur l'affaire : "Tous les hivers, Judith Godrèche va skier avec son père à Val-d’Isère. Cette année-là, Benoît Jacquot lui suggère de venir plutôt à Courchevel, là où il doit se rendre avec le fils de Dominique Sanda, Yann M. 'll me dit de venir faire une soirée pyjama dans sa chambre d’hôtel avec Yann. Je me souviens d’un grand lit, je suis entre Yann et Benoît. Benoît me force à coucher avec lui, pendant que Yann dort dans le même lit.'"
Son intervention sur le réseau social est soutenue par sa consoeur Rachida Brakni et est relayée par l'autrice Lola Lafon. Une internaute soulève quant à elle une question : "Je comprends bien toute votre souffrance mais jamais vous ne parlez de vos parents et de la protection qu’ils auraient dû vous apporter alors qu’au contraire ils vous ont émancipé et favorisé votre emprise ! Ne sont-ils pas tout autant responsables que lui ?" Un sujet qui avait déjà fait débat lorsque l'affaire Benoît Jacquot a fait surface l'an dernier. La mère de la comédienne avait raconté les difficultés vécues avec Judith Godrèche quand Benoît Jacquot est arrivé dans leur vie. "C'était comme si elle était enfermée, il fallait demander la permission à Benoît pour tout, même pour qu'elle passe Noël avec moi. C'est lui qui décidait de tout, c'était une relation tyrannique. Alors que c'était encore une petite fille : elle avait un doudou. Je pense qu'elle n'a jamais été heureuse", avait-elle confié à nos confrères du Monde il y a quelques mois, elle qui avait quitté Alain Godrèche, le père de Judith, alors que la fillette était très jeune. "J'étais tétanisée, j'avais une relation très difficile avec son père. Je suis partie quand elle avait huit ans, elle est restée vivre avec lui et je n'ai pas su être une mère protectrice. Aujourd'hui, je suis heureuse de voir que Judith est une mère extraordinaire avec ses propres enfants, attentive et à l'écoute", a-t-elle conclu.
Quid de son père qui a eu sa garde quand elle avait 8 ans ? Alain Godrèche, psychanalyste, avait été cité dans ce long papier du Monde sur le sujet. "Son père trouve qu’elle a mauvaise mine, qu’elle grossit : elle fait des crises de boulimie. La jeune fille devient dépendante du réalisateur, croit que cela s’appelle de l’amour", lit-on dans le journal. Interrogée sur son couple quand elle était plus jeune, Judith Godrèche avait répondu avec simplicité : "Je voulais être avec la personne que j'aimais, j'avais quinze ans. [...] Mon père n'a rien dit. [...] Je crois qu'il a confiance en moi [...] ça m'a aidée à ne pas faire de conneries, au bout du compte, je n'en ai pas fait". Une réponse qu'elle remet en cause aujourd'hui aujourd'hui : si elle estime que son père n'a rien fait pour la sortir de là, elle avoue surtout qu'il n'a "rien vu venir". Maintenant, tout le monde voit.
Mis en examen pour viols, Benoît Jacquot reste présumé innocent des faits reprochés jusqu'à la clôture de l'affaire par la justice.