Bouleversée par le soutien reçu par ses admirateurs et de nombreuses personnalités du spectacle dans le conflit qui l'oppose à sa maison de disques Sony et son producteur Dr. Luke, qu'elle accuse de l'avoir droguée, violée et menacée, Kesha promettait mardi de s'exprimer plus longuement sur le décision rendue le 19 février par la Cour suprême de New York. L'interprète des tubes We R Who We R et Die Young a publié une longue lettre sur Facebook : "Ce n'est pas une question de contrat ou d'argent, il est question de me libérer de celui qui a abusé de moi."
Avant même de se pencher sur les accusations de viols à l'encontre de Dr. Luke, la justice américaine devait répondre à la demande de Kesha de casser le contrat qui la lie à Sony et son producteur. La chanteuse accepterait même de rester chez Sony si elle obtenait la garantie de ne jamais avoir à retravailler avec celui qui a façonné ses premiers tubes. Malheureusement, la Cour suprême a refusé d'accéder à la demande de Kesha qui ne peut donc enregistrer quoi que ce soit sans Dr. Luke.
Cette décision de justice, qui ne disculpe pas pour autant Dr. Luke, a soulevé une immense vague de protestations aux États-Unis et ailleurs. "Je suis tellement reconnaissante du soutien que j'ai reçu de vous tous. Les mots ne suffisent pas pour exprimer les émotions qui me traversent en lisant vos messages, écrit Kesha sur Facebook. Je n'arrive pas à croire que tant de personnes dans le monde aient pris le temps de me témoigner leur affection. Et je pense notamment aux artistes qui ont risqué leur propre carrière en me soutenant et à qui je serai éternellement reconnaissante." Parmi eux, Lady Gaga, elle-même victime d'un viol, mais aussi Adele qui lui a dédié quelques mots mercredi soir sur la scène des Brit Awards 2016.
Pour certains observateurs, cette décision de la Cour suprême est symptomatique du peu de cas que fait la justice américaine des victimes d'abus sexuels. C'est le point que soulève Kesha dans sa lettre : "Le problème va bien au-delà de ma propre histoire. Je pense aux jeunes filles d'aujourd'hui, à la fille que j'aurai peut-être un jour, ou à votre fille, je pense à celles et ceux qui auront désormais peur d'être punis s'ils dénonçaient les abus dont ils ont été victimes, particulièrement s'ils ont été commis par une personne en position de pouvoir. En quoi ce qu'il m'arrive pourrait-il bien leur donner la force et la confiance nécessaires pour parler ? Et, c'est bien le problème." La star de 28 ans termine par une note d'espoir : "N'ayez pas peur de parler. Des gens sont là pour vous vous aider. Moi, je serai là. Je sais l'effet que ça fait que de se savoir entourée de parfaits étrangers prêts à se battre à vos côtés. Oui, je suis vraiment féministe et même plus que ça, je suis une humaniste. (...) Vous n'êtes pas seul."
Kesha devait chanter le 27 février à l'université de Layola à Chicago. La star a préféré annuler, ne se sentant probablement pas le courage de monter sur scène compte tenu des circonstances. Cette semaine, Dr. Luke a également brisé le silence en affirmant sur Twitter n'avoir jamais violé Kesha ni même avoir eu de rapports sexuels avec elle. "Kesha et moi étions amis depuis des années, elle était comme ma petite soeur", a écrit le producteur de 42 ans.