Sa voix résonne au cinéma, dans les théâtre comme dans les studios d'enregistrement. Mais deux sessions musicales ont marqué Lambert Wilson, sans doute plus que les autres. Alors que Marie Trintignant était à l'article de la mort, le comédien avait donné de la voix en espérant lui tenir compagnie, lui donner force et chaleur, à sa manière. "Son moyen de secourir tout le monde à cet instant, c'était de s'asseoir dans la chambre à côté de Marie et de chanter", expliquait la scénariste Marie Vieillecroze-Devort, à Marc-Olivier Fogiel, dans l'émission Le Divan en 2016.
J'ai chanté pendant sept heures d'affilée
Marie Trintignant tournait dans le téléfilm Colette, une femme libre en Lituanie quand elle a vécu cette terrible nuit du 26 au 27 juillet 2003. Elle a croulé sous le poids des coups de Bertrand Cantat dans leur chambre d'hôtel du Domina Plaza. Une fois hospitalisée, elle a pu compter sur le soutien de son compagnon de tournage, Lambert Wilson. "J'ai chanté deux fois auprès de Marie, expliquait-il à son tour dans Le Divan. C'est à dire que j'ai passé une nuit à l'hôpital de Vilnius, elle était dans le coma, j'ai dû chanter plusieurs heures, et comme Nadine [Trintignant, la mère de Marie, NDLR.] savait que ça avait eu lieu, quand les dernières heures s'annonçaient, elle m'a fait revenir à Paris cette fois-là, à la clinique."
Curieusement, alors qu'elle partait complètement, l'oxygénation remontait
Les mots de Nadine Trintignant ont fait écho dans son coeur. Pendant un long moment, Lambert Wilson a fredonné des mélodies pour son amie comédienne, espérant même, parfois, constater une amélioration. "Elle m'a dit : 'Elle aimait tellement quand tu chantais et ça a été tellement important à ce moment-là à Vilnius donc viens et chante'. Donc j'ai chanté pendant sept heures d'affilée dans les dernières heures de Marie, précisait-il. Et curieusement, alors qu'elle partait complètement, l'oxygénation remontait et les chirurgiens disaient : 'Oui, on sait qu'on ne sait rien'. J'ai chanté à peu près sept heures d'affilé, je me suis un peu évanoui pendant quelques heures, puis après j'ai rechanté pendant une heure. J'ai compris ce que c'était que ce passage, accompagner les gens dans ce passage qui ne me fait pas peur du tout. J'ai accompagné des gens dans la mort. J'ai accompagné Marie, je l'ai vraiment, vraiment accompagnée. On peut dire que j'ai vraiment été là."
L'âme brisée, Lambert Wilson a assisté, avec la famille de Marie Trintignant, à ses obsèques, le 6 août 2003, au cimetière du Père Lachaise, dans le vingtième arrondissement de Paris. Mais c'est certainement dans cette chambre d'hôpital, en chantant, qu'il lui avait fait ses adieux...