Parfois agaçante, Laure Manaudou n'en reste pas moins l'une des sportives préférées des Français. Car à seulement 25 ans, la vie de la nageuse ressemble déjà à un roman qui n'a rien d'un long fleuve tranquille...
En 2004 à Athènes, la jeune Laure devient la première nageuse française championne olympique et affole les chronos sous les ordres de son coach emblématique Philippe Lucas. Deux ans plus tard, alors qu'elle cumule les records, les titres et les honneurs, Laure Manaudou franchit une nouvelle étape en atomisant le record sur 400 mètres dos de la légende américaine Janet Evans établi en 1988 ; et de récidiver l'été suivant lors des championnats d'Europe à Budapest, avec un nouveau record du monde, sept médailles dont quatre en or.
Mais tout s'écroule aux JO de Pékin, où les Français découvrent une Laure Manaudou en larmes suite à ses piètres performances et qui décidera quelques mois plus tard de faire un break, puis de prendre sa retraite. Une petite fille plus tard, née de sa romance avec Fred Bousquet, elle annonce son retour à la compétition avec pour objectif les Jeux olympiques de Londres en 2012.
Et depuis mardi 20 mars, l'objectif est atteint. Malgré des performances en dents de scie durant sa préparation, la nageuse s'est imposée sur 200 mètres dos et marque ainsi son retour de la plus belle des manières. "C'est un soulagement, confiait-elle en sortant du bassin, sourire aux lèvres. Je viens d'avoir mon frère (Nicolas, qui l'a entraînée en 2007 après qu'elle eut viré Philippe Lucas et que le club italien où elle avait rejoint Luca Marin l'eut mise à la porte, ndlr)... Je suis tellement fière de pouvoir le rendre fier de moi. Et je suis heureuse, tout simplement."
Sa première pensée en touchant le mur au terme de sa course fut pour sa petite fille et son entourage : "J'ai pensé à Manon, j'ai pensé à tous les nageurs de Marseille qui se sont déplacés pour m'encourager, alors qu'ils ont leur 100 mètres demain (aujourd'hui, ndlr). C'est une force que les autres clubs n'ont pas." Un collectif qui l'a toujours soutenue et accompagnée, et qui aujourd'hui est une véritable source de motivation pour la championne. Mais pas seulement...
"Je voulais me prouver à moi-même que j'étais capable de prendre une décision, la bonne, de ne pas lâcher quoi qu'il arrive", a-t-elle poursuivi. Prochaine étape, les championnats d'Europe en Hongrie puis les Jeux olympiques. Un retour qui sonne comme une revanche ? "Je ne dirais pas une revanche parce que ce ne sera pas sur les mêmes épreuves. Et j'ai une façon différente d'aborder les choses, d'aborder la compétition et c'est aussi une nouvelle équipe de France", précise Laure Manaudou.
Et visiblement, le plaisir, qu'elle avoue privilégier aux résultats, semble de retour, comme l'atteste sa nouvelle performance ce matin en série du 50 mètres dos, où elle a décroché un nouveau record de France après en avoir abandonné deux à la jeune prodige Camille Muffat sur 200 et 400 mètres. "Être qualifiée rassure, on prend les choses plus sereinement. C'est plus facile de se mettre à l'eau en sachant qu'on ira à Londres", confiait-elle, sourire aux lèvres.
Un retour en force qui force l'admiration en attendant les jeux. "L'histoire ne se terminera pas aux Jeux", annonce cependant la jeune femme. Ses adversaires son prévenues.