L'affaire de l'agression dont a été victime le prince Carl Philip de Suède à Cannes dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 août vers 3 heures du matin, à la sortie du restaurant-club de la Croisette le Baoli, où il venait de profiter entre amis et avec sa compagne Sofia Hellqvist de la soirée blanche "Crazy Angels", dévoile progressivement ses circonstances.
"Qu'est-ce que t'as dit sur ma copine ?!"
Et notamment, si le porte-parole du palais royal à Stockholm Bertil Tennert avait évoqué une agression gratuite sans provocation de la part du fils du roi Carl XVI Gustaf et de la reine Silvia, il semblerait en fait que la cause de l'algarade qui a eu lieu devant le club très huppé de la French Riviera ait résulté d'un accrochage et porte un nom : Sofia Hellqvist.
C'est en effet un lieu commun d'une banalité affligeante qui aurait mis le feu aux poudres : un individu éméché aurait dit quelque chose d'inconvenant au sujet de la compagne de Carl Philip et potentielle future princesse de Suède - l'horizon de fiançailles entre le prince de 33 ans, deuxième dans l'ordre de succession au trône et réputé pour faire surtout ce qui lui plaît (notamment la fête), et l'ancienne playmate/vedette de télé réalité s'est dégagé depuis que Sofia Hellqvist a été officiellement conviée en mai au baptême de la princesse Estelle, fille de la princesse Victoria. Sous l'effet de l'alcool et de la fatigue (Carl Philip et sa huitaine d'amis avait arrosé leur dîner de rosé et de champagne et profité comme il se doit de la piste de danse), les esprits se sont alors échauffés...
Le témoignage de l'homme qu'on a vu empoigner le prince !
Le visionnage de la vidéo amateur de l'incident laissait déjà deviner que le prince Carl Philip de Suède, empoigné par la nuque et frappé derrière la tête devant le club, n'avait pas été "assailli" tout à fait sans raison. En réalité, l'auteur de l'agression n'est autre que... le chef de la sécurité du Baoli, Stéphane Réveillon, qui est intervenu pour empêcher une bagarre d'éclater, et ignorait bien entendu à qui il s'en prenait (le directeur du Baoli, Christophe Lecorche, avait précédemment confié que s'il avait été informé de la présence du prince, tout aurait été mis en oeuvre pour qu'il ne soit pas dérangé au cours de la soirée). Stéphane Réveillon a livré sa version des faits au quotidien suédois Expressen : "J'étais à la porte, et cinq personnes environ, habillées en blanc [le dress code de la soirée Crazy Angels, NDLR], sont sorties. Soudain, j'ai entendu plein de gens crier. Visiblement, il y avait du grabuge. Quand je suis arrivé, les cris s'intensifiaient, on en venait aux mains (...) Apparemment éméchés, des gens ont provoqué le prince parce qu'il avait une très jolie fille avec lui. Le prince a répliqué à ces hommes "T'as dit quoi sur ma copine ?" et la bagarre a commencé. Je l'ai attrapé par le cou pour empêcher la bagarre et l'éloigner. Tout le monde tentait d'écarter le prince de la rixe. Ils disaient "Ignore-les, laisse tomber..."
Sur l'enregistrement amateur, on entend effectivement le vigile essayer de prévenir l'escalade ("ne vous battez pas"), puis les amis du prince, mais aussi et surtout sa compagne Sofia Hellqvist, paniqués, tenter de le raisonner ("allez, on s'en va", "arrêtez", "non, non, non, non"). On y voit, également, Sofia Hellqvist s'interposer elle-même pour empêcher son homme de se battre, l'implorant d'ignorer cet incident ("Non, chéri, je t'en supplie, je t'en supplie !", puis "Viens avec moi, viens avec moi" et encore "chéri, chéri ! Partons !"). La vidéo permet de constater que la scène s'est déroulée en deux temps : d'abord, un attroupement se forme autour du prince Carl Philip, et Stéphane Réveillon l'empoigne pour l'écarter et éviter que la situation dégénère ; puis, enragé, le prince Carl Philip parvient malgré ses amis et sa compagne qui s'interposent à retourner en mettre une seconde couche : "Quoi ? Quoi ? Allez viens, vas-y, viens", l'entend-on vociférer en anglais au milieu des supplications de Sofia et du fracas d'une table heurtée et de verres cassés. Apparemment, il a réussi à passer ses nerfs sur l'un de ses opposants, avant de reprendre peu à peu son sang-froid et partir à pied avec ses proches en direction du port.
Le prince Carl Philip et Sofia Hellqvist, qui étaient arrivés en vacances sur la Côte d'Azur (la famille royale suédoise y possède une résidence d'été) en début de semaine après les engagements du prince aux Jeux olympiques de Londres, ont réagi peu après auprès du quotidien nordique Aftonbladet, essentiellement pour réfuter le rôle que certains ont prêté à leurs amis dans le déclenchement des hostilités : "Nous avons plusieurs fois entendu dire que nos amis étaient impliqués, et nous tenons à affirmer que ce n'est aucunement le cas. Je veux au contraire signaler que mes bons amis ont tout fait pour empêcher ce triste épisode", a assuré le prince. Sofia, bouleversée lors des faits, a quant à elle raconté : "Nous avions passé une excellente soirée avec nos amis. Alors que nous partions, des types bizarres ont attaqué Carl Philip ! Ça a été un moment assez stressant et déplaisant..."
"Nous ignorions que c'était un prince de Suède, sans quoi, évidemment, nous nous serions assurés que personne ne l'importune", a commenté Stéphane Réveillon, précisant comme l'avait fait préalablement le directeur du Baoli Antoine Lecorche que l'établissement n'est pas responsable de ce qui se passe à l'extérieur et qu'il appartient au prince de porter plainte ou non. Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l'Intérieur, avait remarqué pour Aftonbladet que "nous ne pouvons pas ouvrir d'enquête, car nous n'avons pas de témoignage concret et aucune personne impliquée ne nous a contactés, donc il n'y a pas officiellement d'infraction".
Et maintenant ?
Le palais royal n'a toujours pas décidé s'il envisageait des suites judiciaires et étudie le dossier avec ses avocats. La décision sera prise d'ici à la fin de la semaine. Nonobstant, le prince Carl Philip et Sofia Hellqvist, un peu secoués mais pas blessés, poursuivent leurs vacances sur la French Riviera (ils s'étaient d'ailleurs laissé photographier de bon gré - et sans stigmates apparents de leur nuit agitée - le 13 août). Ils doivent y retrouver prochainement, à Saint-Tropez, le couple royal, de retour des JO de Londres et évidemment informé de cette péripétie.
Une péripétie qui a ravivé en Suède les critiques concernant le comportement d'adolescent du prince Carl Philip, pour qui, à 33 ans, il serait temps de grandir. Dans Aftonbladet, journal qui s'est ému du retentissement international de l'affaire (citant notamment l'écho qui en a été fait sur Purepeople.com), la journaliste Lana Mellin n'y allait pas de main-morte avec celui qui aime surtout faire la fête, un brin de photo et de design, et conduire des voitures de course. "Les gens ordinaires sont obligés de grandir, de recevoir une éducation et de travailler pour la simple et bonne raison qu'ils ont besoin d'un salaire pour vivre", constatait-elle dans son éditorial, faisant référence au fait qu'il ne semble pas pressé d'exercer une activité professionnelle et à la controverse qu'avait subie de plein fouet la princesse Madeleine en début d'année, accusée d'être payée à ne rien faire. Sofia Hellqvist, qui s'est interposée à ses risques et périls lors de la bagarre et elle-même décriée en raison de son passé sulfureux, peut-elle être celle qui lui mettra un peu de plomb dans la cervelle ?