Il ne pouvait y avoir de date plus indiquée, pour punir les vilains garçons de l'équipe de France de football, que ce 27 juillet 2012 où le monde se rassemble pour célébrer les valeurs de l'olympisme et du sport à l'occasion de l'ouverture des Jeux olympiques de Londres.
A défaut d'être des exemples en la matière, Samir Nasri, Jérémy Ménez, Hatem Ben Arfa et Yann Mvila ont servi d'exemples, sanctionnés vendredi par la commission de discipline de la Fédération Française de Football (FFF) suite à leurs écarts de comportement au cours de l'Euro 2012 en Pologne et en Ukraine.
Encore traumatisés par le fiasco sportif et moral de Knysna lors de la Coupe du monde 2010, le public et les instances françaises entendaient bien ne pas pardonner ces nouvaux dérapages : Nasri, revanchard pour les plus transigeants et bêtement arrogant pour les autres, réglant ses comptes avec les médias sur le terrain devant les caméras (un très lisible "fermez vos gueules") puis en conférence de presse (prenant à parti un journaliste), Ménez insultant l'arbitre du quart de finale contre l'Espagne, Mvila refusant de serrer la main de Giroud et de Laurent Blanc lors de son remplacement (même match), et Hatem Ben Arfa étant au coeur d'une altercation avec le sélectionneur de l'époque.
Après avoir entendu les intéressés successivement, lesquels "ont regretté" mais "ne se sont pas excusés" au cours d'audiences toutefois "sereines", la commission a délibéré : Samir Nasri, le plus fautif, écope de trois matchs de suspension ferme en équipe de France, et Jérémy Ménez d'un match, tandis que Yann Mvila et Hatem Ben Arfa s'en tirent avec un simple rappel à l'ordre. Mais le message est passé : la Fédération ne tolérera plus qu'on nuise au maillot national. Une question d'honneur patriotique qui s'est même invitée dans l'interview du 14 juillet de François Hollande !
Les joueurs disposent de dix jours pour faire appel de la décision les concernant, sachant que les sanctions sont certes bien réelles mais relativement pondérées : "Les faits étaient avérés et n'ont pas été contestés. La commission a été à la hauteur de mes attentes. Elle a répondu avec justesse à la situation avec une décision équitable, a estimé Me Brusa, l'avocat de Jérémy Ménez. Il peut toujours y avoir pire. Cela aurait pu être beaucoup plus grave. Je vais lui conseiller de ne pas faire appel."
Reste à savoir si, cette fois, la leçon sera retenue : le bannissement provisoire de Franck Ribéry après la Coupe du monde 2010 n'a pas empêché Samir Nasri (qui manquera le match amical contre l'Uruguay, le 15 août prochain au Havre, ainsi que deux rendez-vous des éliminatoires de la Coupe du monde 2014 face à la Finlande le 7 septembre et la Biélorussie le 11 septembre) de perdre le contrôle. D'autant que l'arrivée de Didier Deschamps à la tête de l'équipe de France s'est accompagnée d'un message à poigne : tolérance zéro sur le plan du comportement. Nasri, qui ne supportait pas de voir ses performances sportives contestées, sera-t-il capable de ravaler sa fierté ?
Après cinq mois sans voir son fils, le père d'Hatem Ben Arfa craque
A noter par ailleurs que, si les audiences matinales des quatre joueurs ont été sereines, à l'extérieur, devant le siège de la FFF, il y a en revanche eu une échauffourée. Kamel Ben Arfa, père d'Hatem, et Michel Ouazine, agent du milieu de terrain des Magpies de Newcastle, se sont invectivés et en sont même venus aux mains. "Tu as volé mon fils, tu as volé mon fils ! Pendant trois ans, tu me l'as volé, ça fait des années que tu me le voles !", s'est emporté le père du footballeur. Son représentant n'a pas réagi aux propos, se contentant de commenter après-coup à l'AFP : "Hatem ne parle plus à son père depuis longtemps, il faut un peu de dignité, il n'attend que ça que je réponde mais il faut le [le père du joueur] laisser dans sa folie."
L'AFP rappelle que "le contentieux entre Kamel Ben Arfa [qui n'avait plus vu son fils depuis cinq mois jusqu'à ce vendredi matin] et Michel Ouazine date de plusieurs années. Le père n'a jamais accepté la présence du conseiller accusé durant l'été 2010 de "laver le cerveau" de l'international et même qualifié de "gourou" dans Le Parisien. A l'époque, Hatem Ben Arfa avait décidé d'aller au bras de fer avec les dirigeants de l'Olympique de Marseille en refusant de s'entraîner afin d'obtenir un transfert".