Sans doute frustré par leur rencontre contrariée, le 24 mars dernier, par le crash aérien du vol 9525 de la Germanwings, qui avait très visiblement bouleversé le roi Felipe VI et la reine Letizia à peine arrivés à Paris et de fait sitôt repartis, François Hollande avait réservé un traitement de faveur particulièrement significatif au couple royal espagnol pour son retour attendu dans la capitale, mardi 2 juin 2015.
La première visite d'État du roi d'Espagne, intronisé en juin 2014, et de son exquise épouse avait beau avoir été reprogrammée dans des délais exceptionnellement brefs, à l'échelle des agendas officiels et des contraintes logistiques d'un tel engagement, le président de la République française n'a pas manqué pour autant de se mettre à la totale disposition de ses invités de marque. Secondé par son ex-compagne et son actuelle ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, lors des cérémonies officielles de bienvenue au pied de l'Arc de Triomphe puis à l'Élysée, le chef de l'État les a personnellement accompagnés ensuite au Grand Palais, avant de les accueillir à nouveau au palais présidentiel en soirée pour le dîner de gala organisé en leur honneur.
Après avoir pris provisoirement congé de ses hôtes au terme de leur entretien, à 12h30, dans les salons de l'Élysée, et après une autre audience, à 15h, avec le Premier ministre de la République d'Irak Haïder Al-Abadi, François Hollande retrouvait à 16h le roi Felipe VI et la reine Letizia pour une visite de l'exposition événement "Velasquez et le triomphe de la peinture espagnole" au Grand Palais, à laquelle se joignaient également la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, ainsi que des lauréats français des prix Princesse des Asturies. La reine Letizia, qui s'était déplacée spécialement en Autriche - et y avait parlé allemand - en octobre dernier dans le cadre d'une exposition mettant à l'honneur le maître baroque sévillan, dont une toile accompagnait lors des fêtes de fin d'année 2014 les voeux de sa famille, s'était entre-temps changée, ayant troqué son tailleur beige (de son créateur attitré pour les grandes occasions, Felipe Varela), d'un chic strict, et ses escarpins python Caroline Herrera contre une tenue plus "romantique" et printanière de la styliste vénézuélienne : chemisier bleu marine, jupe bleue à fleurs et sandales (avec une pochette Felipe Varela), soit la ravissante panoplie qu'elle avait déjà choisie en ce printemps 2015 pour rencontrer le président italien Sergio Mattarella.
Quittant le Grand Palais ensemble, François Hollande et ses prestigieux hôtes ont à nouveau fait bande à part. Tandis que le président français menait de son côté d'autres entretiens politiques, le roi Felipe avait rendez-vous au Grand Hotel Intercontinental avec le secrétaire général de l'Organisation de la coopération et du développement économique Angel Gurria, avant de se réunir à 19h30 à l'Hôtel de Marigny, résidence mise à la disposition des hôtes étrangers du président de la République française, pour une remise de décorations par le roi d'Espagne aux principaux responsables et organisateurs des secours lors de l'accident d'avion dans les Alpes-de-Haute-Provence. La reine Letizia assistait à la cérémonie.
Letizia, reine du style devant un parterre de stars
La fashionista la plus en vue d'Espagne a poursuivi son défilé à l'occasion du dîner officiel organisé à l'Élysée, sublime dans une robe de cocktail bordeaux, à laquelle elle assortissait son rouge à lèvres, immanquablement signée Felipe Varela. Quelque 200 convives de marque étaient rassemblés sous les ors du palais présidentiel pour ce moment de célébration de la grande amitié franco-espagnole : outre des personnalités politiques, seules (Christiane Taubira, Ségolène Royal...) ou en couple, à l'instar d'Emmanuel Macron (qui a fait sensation avec sa femme Brigitte Trogneux), Harlem Desir, Anne Hidalgo, Jean-Yves Le Drian, Claude Bartolone, Fleur Pellerin, Elisabeth Guigou ou encore Bernard Cazeneuve, convié ainsi que les maires des communes des Alpes-Maritimes avec lesquelles il venait d'être décoré, des figures du monde des affaires, comme Marc Ladreit de Lacharrière, ou des arts étaient présentes. François Cluzet, accompagné par son épouse Narjiss, jouait ainsi les premiers rôles, retrouvant le duo de réalisateurs Tolédano - Nakache qui l'a dirigé dans Intouchables, film récompensé d'un Goya (équivalent de nos César) en Espagne. Luz Casal, que le roi Felipe VI et la reine Letizia récompensaient d'un Prix National de la Culture en février dernier, dans la catégorie Musiques actuelles, Diego Buñuel, petit-fils du réalisateur espagnol Luis Buñuel et fondateur de National Geographic, ou encore la magnifique Inés Sastre faisaient également partie de cette réunion de talents.
Devant cet auditoire acquis à la cause de la coopération franco-espagnole, le roi Felipe a prononcé une allocution vibrante mettant en exergue "la grande trajectoire historique" des deux nations, "décisives" dans la construction de "la culture et de la civilisation européenne et universelle" : "L'Espagne a besoin de la France, et la France a besoin de l'Espagne", a-t-il ainsi déclaré, observant les valeurs et les convictions communes qui doivent servir, aujourd'hui plus que jamais, l'élaboration d'un projet européen plus proche des citoyens. Une amitié productive qu'il allait avoir une autre occasion en or d'évoquer ce mercredi, rencontrant Anne Hidalgo et Manuel Valls, deux grands dirigeants français à l'histoire personnelle enracinée en Espagne.
G.J.