Onze ans après le premier volet d'une saga vidéoludique d'une quinzaine de titres (tous supports confondus) qui a bouleversé le monde du FPS (tir subjectif), Medal of Honor repart sur les sentiers de la guerre avec une formule révolutionnaire.
Le géant Electronic Arts, après avoir offert à ses gamers des campagnes haletantes revisitant sous bien des angles la Seconde Guerre mondiale, a décidé de changer de terrain de jeu en situant l'action du nouveau titre de sa franchise star... dans l'actualité brûlante du conflit afghan. Ce sont cette fois les "opérateurs du Tier 1", des combattants d'élite méconnus de l'armée américaine (les meilleurs des meilleurs des meilleurs, sir !) et "des armes de guerre vivante d'une extrême précision", qu'il s'agira de faire progresser dans une intrigue toujours plus intense et immersive. Catchphrase de Moh (2010) : "L'ennemi a changé. La guerre a évolué. Un nouveau genre de combattant est né. Le Tier 1."
Une contemporanéisation de la série très audacieuse, et pas dénuée de risques. Le colossal éditeur de jeux vidéos a d'ailleurs été contraint tout récemment, à quelques jours seulement du lancement de son Medal of Honor 2010, de changer son fusil d'épaule : face à l'émoi de l'opinion publique et la levée de boucliers de responsables militaires et politiques anglo-saxons, outragés de la possibilité d'incarner un Taliban en mode multijoueur, EA a révisé la finition du jeu : comme dans chaque opus de la saga, on pourra toujours choisir d'incarner les "bons" ou les "méchants" (terminologie à prendre avec des pincettes, naturellement), mais, face aux forces alliées, le joueur pourra choisir d'incarner "les forces d'opposition" : "Parce qu'un profond respect envers les soldats américains et alliés est au coeur de la série Medal of Honor, nous avons décidé de changer le nom de l'équipe adverse dans le mode multijoueur en "force d'opposition", plutôt que taliban", signalait il y a quelques heures Electronic Arts.
De quoi, sans doute, ménager la sensibilité (rappelons que Medal of Honor tire son nom de la plus haute décoration de guerre américaine) des Américains, Britanniques, Australiens et Canadiens meurtris par leurs nombreuses pertes en Afghanistan. Voilà en tout cas qui témoigne de la complexité du challenge que se propose ce Medal of Honor novateur, en envoyant les gamers en mission dans un conflit actuel insoluble et où la légitimité des intervenants est plus que jamais en question.
Trêve de géopolitique, on peut compter sur ce nouveau chapitre pour se doter, comme ses prédécesseurs, d'une bande son formidable et harassante, pour laquelle le tandem Michael Giacchino et Christopher Lennertz s'est distingué par le passé. Mais on retrouve également un son bien connu, nerveux et ample, sur mesure pour Moh : celui de Linkin Park. Le groupe californien mené par Mike Shinoda, après avoir fait paraître au printemps dernier un MMO sur iPod Touch, iPhone, and iPad intitulé 8-Bit Rebellion!, poursuit dans le registre vidéoludique en prêtant The Catalyst, premier single de son nouvel album paru en septembre (A thousand suns) au jeu d'EA.
Et si Joe Hahn, le Mr. Turntabliste de Linkin Park, a réalisé un clip brumeux pour ce single, il est également l'auteur d'une vidéo teaser pour Medal of Honor, habillée de The Catalyst (un titre qu'on entend également au générique de Resident Evil : Afterlife 3D, actuellement à l'affiche). Les deux vidéos sont à découvrir ci-dessus.
Medal of Honor (www.medalofhonor.fr) sera disponible en France dès le 14 octobre 2010, sur PlayStation 3, Xbox 360 et PC.
Guillaume Joffroy