L'actrice française Mado Maurin est morte le 8 décembre 2013 à l'âge de 98 ans, plus de trente ans après le suicide de l'un de ses enfants en 1982, le mythique Patrick Dewaere. Sur son compte Twitter, Laurent Baffie annonce la triste nouvelle : "Mon amie Mado Maurin vient de quitter la scène a 98 ans, je suis triste mais j'imagine ses retrouvailles avec ses 3 enfants disparus..." Ils avaient collaboré sur ses pièces Sexe, magouilles et culture générale et Un point c'est tout !.
Outre Patrick Dewaere, deux autres de ses fils, tous comédiens, sont également décédés, Jean-Pierre Maurin (en 1996), et Yves-Marie Maurin (en 2009). Ses enfants Dominique, 64 ans et spécialisé dans le doublage, Jean-François Vlérick, 56 ans, et Marie-Véronique, 53 ans et héroïne de la version d'Alice au pays des merveilles de 1970, lui survivent, ainsi que des petits-enfants eux-mêmes dans le métier, Lola Dewaere et l'acteur de doublage Emmanuel Karsen.
Née à Paris le 24 septembre 1915, Mado Maurin est la fille de "fantaisistes" du début du XXe siècle et a baigné dans le monde artistique. De son vrai nom Madeleine Jeanne Louise Maurin, elle a été mariée au baryton Pierre-Marie Bourdeaux puis à Georges Collignon. Elle est la mère des comédiens Jean-Pierre Maurin, Yves-Marie Maurin, Patrick Dewaere, Dominique Collignon-Maurin, Jean-François Vlérick et Marie-Véronique Maurin. Ils font ainsi très tôt partie d'une sorte de troupe familiale, baptisée par le métier les "petits Maurin", qui naîtra après la Seconde Guerre.
Formée au Conservatoire de musique de Paris en tant que pianiste, comme l'indique l'auteur Olivier Sinqsous, biographe du site Cineartistes.com qui retrace sa carrière, elle se dirige ensuite vers l'opérette : "Dans l'entre-deux-guerres, Mado Maurin enchaîne une centaine d'opérettes et d'opéras comiques à Paris et à la travers la France ; elle rencontre le baryton Pierre-Marie Bourdeux et donne naissance à deux enfants, Jean-Pierre en 1941 et Jean-Yves en 1944. En 1946, elle rencontre le chef d'orchestre Michel Têtard avec le spectacle Le Comte du Luxembourg (1946)." Il deviendra son amant et le père de Patrick Dewaere, mais le jeune homme ne connaîtra l'identité de son géniteur qu'à 17 ans, ce qui provoquera chez le comédien la souffrance permanente d'être un fils sans père. Il prendra d'ailleurs le nom marital de sa grand-mère maternelle Devaëre et qui signifie en flamand "le vrai". Mado refera sa vie avec Georges Collignon, la famille s'agrandit de trois autres enfants : Dominique en 1949, Jean-François en 1957 et Marie-Véronique en 1960.
Patrick Dewaere fait ses débuts à trois ans sur les planches du Théâtre de Chaillot dans Primerose aux côtés de sa mère. Dans les années 1970, elle s'essaie au cinéma dans la comédie Je sais rien, mais je dirai tout (1973) de et avec Pierre Richard. Elle est associée à la distribution de deux films dont son fils Patrick Dewaere est tête d'affiche, Un mauvais fils de Claude Sautet et Plein sud (1980) de Luc Béraud. Elle interprète la mère de Jean-Louis Trintignant dans Viva la vie (1983) de Claude Lelouch ou la mère de Mylène Demongeot dans Les Toits de Paris (2006). Pour la télévision, elle enchaîne une trentaine de téléfilms et série comme la sitcom Maguy (1985 à 1992) avec Rosy Varte. À la fin de sa carrière, la comédienne jouera dans des pièces de boulevard à succès, comme celles de Laurent Baffie.
Dans son ouvrage Patrick Dewaere - Mon fils, cet inconnu (1993), Mado Maurin avait écrit : "Si l'être humain supporte avec courage les grandes épreuves de la vie, les petits échecs le brisent..."