Quelques jours après avoir été reçus à l'Elysée par le président Nicolas Sarkozy, heureux de les féliciter pour la performance record établie (18 médailles), les héros de l'athlétisme français lors des championnats d'Europe de Barcelone connaissent des fortunes diverses quant à leur retour dans leurs régions respectives.
Si la triple médaillée Myriam Soumaré (championne sur 200m, en argent avec le relais 4x100, en bronze sur 100m) a eu droit à un accueil vibrant dans sa commune de Villiers-le-Bel (Val d'Oise), Martial Mbandjock, également crédité de trois médailles sur la piste catalane, a pour sa part connu une petite mésaventure, relatée par l'hebdo satirique Le Canard Enchaîné, dans son édition de mercredi 11 août.
Bien décidé à célébrer en bonne compagnie et comme il se doit ses deux médailles de bronze en individuel (100m, 200m) et son titre de champion d'Europe avec le relais 4x100, le natif de Roubaix s'est présenté, samedi 7 août, avec cinq amis d'enfance à l'entrée de La Fabrik, boîte branchée de la banlieue de Lille. Le Canard note que, si l'athlète avait son maillot bleu pour déguster les petits-fours du palais présidentiel, c'est tout en élégance qu'il souhaitait passer cette soirée, "habillé chic" et "baskets au vestiaire".
"Des Flamands, une femme et un black", décrit le journal pour traduire le regard des physionomistes. Le groupe a beau présenter bien et avoir réservé une table, on lui refuse l'entrée, sans explications, tandis que d'autres clients pénètrent sans embûches dans l'établissement - ce qui tend à démonter la défense du proprio, pour qui "quand c'est plein, on ne laisse entrer que les habitués". Et lorsque le Canard évoque la sélection au faciès : "Il n'y a pas de racisme ici. Le problème, c'est que, quand on refuse un étranger, il pense toujours que c'est à cause de sa couleur", réagit le maître des lieux.
Sauf que, en matière "d'étranger", Martial Mbandjock, bien que d'origine camerounaise, est né à Roubaix et a apporté trois médailles à la France. "Mbandjock aurait dû glisser en douce qu'il était un grand sportif et on l'aurait laissé entrer", finit par admettre le Roi de la nuit lilloise.