Toutefois les Bleus ne sont pas actuellement dans les meilleures conditions pour aborder la compétition... Fessée par l'Espagne en match amical, des joueurs au coeur d'un scandale lié à une affaire de proxénétisme et un sélectionneur qui fait l'unanimité contre lui, même dans les plus hautes sphères de l'Etat !
Mais visiblement, être détesté, Raymond Domenech aime ça comme il l'a confié au magazine Psychologies du 30 avril qui a tenté de savoir qui se cachait derrière cet homme controversé : "Mais moi, ils peuvent bien me siffler... Au moins, j'existe. Mon poste représente quelque chose, et c'est ce qui compte."
Au point de faire partie de ces individus les plus détestés par la nation ? Aveugle ou sincère, le sélectionneur réfute cette image qui lui colle à la peau et que les médias contribueraient à véhiculer : " Vous avez fait un sondage? Parce que je peux vous dire que quand je me balade dans Paris, je ne trouve pas une personne pour m'insulter, mais j'en rencontre des centaines qui veulent me faire signer des autographes (...)Les gens sont vraiment sympas avec moi. Il y a un immense décalage entre l'image que les médias donnent de moi et la réalité de ce que je vis."
Pour autant, l'homme ne nie pas qu'il a toujours vécu comme une sorte d'exutoire humain : "J'ai toujours été dans une espèce de haine-amour avec le public, avec les journalistes... Je n'ai jamais laissé indifférent. Et cela me convient. Chez moi, c'est naturel." Fin analyste et adepte des différentes méthodes qui touche à la psychologie (il a fait un "suivi psychologique pour se découvrir", s'est initié à la programmation neuro-linguistique et à l'analyse transactionnelle), Raymond Domenech a rapidement compris que le foot cristallisait toutes les tensions sociales et politiques.
Dès lors, il se retrouve seul contre tous, une posture qui lui convient parfaitement : "On se concentre sur moi et, d'une certaine façon, c'est valorisant". Car que ce soit au théâtre ou sur un terrain en tant que joueur ou sélectionneur, Raymond semble avoir besoin de sentir l'attention des individus focalisés sur lui. A tel point que ce besoin peut parfois lui porter préjudice, comme lors de ce jour d'élimination du championnat d'Europe en 2008 où il demandait sa compagne Estelle Denis en mariage en direct à la télévision : " On ne peut pas regretter de dire à quelqu'un qu'on l'aime. Mais l'avoir dit à cet endroit et à ce moment, oui, il s'agissait d'une erreur."
Enfant timide mais aujourd'hui sans peur, le sélectionneur apparaît comme une personne complexe, parfois désinvolte, difficile à cerner mais qui séduit les femmes... Tout au long de l'entretien, Raymond la science dévoile une partie méconnue de sa personnalité, qui laisse entrevoir un embryon d'explication à cette posture qu'il incarne au quotidien, celle d'un provocateur sûr de lui et de son fait.
Mais Raymond Domenech prévient également. S'il s'est souvent mis en avant pour que l'attention se focalise sur lui et non sur les joueurs, c'est désormais l'inverse qui risque de se produire : "C'est aux joueurs de montrer ce qu'ils valent. Je les aiderai, bien sûr, à afficher leurs ambitions, mais s'ils ne les assument pas, je ferai pareil : je n'assumerai rien. Servir de guide, de parapluie, de paravent, c'est fini, je dis stop. Je n'ai plus rien à gagner. Ni à perdre".