Le journaliste passionné de rock Philippe Manoeuvre a eu le privilège de rencontrer Michel Polnareff dans son désert américain pour une interview exceptionnelle organisée pour Paris Match. Aux Etats-Unis depuis près de quarante ans, l'artiste de 78 ans a livré ses mots, sans filtre, pour accompagner son grand retour. Le chanteur à la chevelure peroxydée et aux lunettes noires dévoile en effet un disque tout simplement baptisé Polnareff chante Polnareff, sur lequel il interprète ses plus grands succès accompagné de son seul piano, une expérience intime et intense. Cet entretien est l'occasion pour lui de donner de ses nouvelles et de rétablir certaines choses...
Michel Polnareff comptait bientôt revenir à Paris - il est arrivé vendredi 4 novembre ndlr - pour remonter sur scène. L'interprète de Lettre à France pourrait même assurer une tournée, lui qui a un nouveau manager et un nouveau tourneur. Gardant le mystère sur ce projet, il se confie d'abord sur son album qu'il a mis trois mois à faire, non sans douleur car réinterpréter ses chansons cultes a fait ressortir des sentiments puissants, parfois difficiles. Un travail solitaire en tout cas, qu'il a mené dans son propre studio où il peut suivre ses règles, c'est-à-dire celles de ne pas en avoir. Un album auquel il tient énormément, après la réception décevante de celui de 2018, Enfin ! qui lui laisse de mauvais souvenirs avec sa maison de disques de l'époque, Universal France. De cette période, il ne voudra pas dire grand-chose, préférant s'intéresser à l'avenir.
Un petit bonhomme fantastique qui vit dans des conditions étranges
Le futur, c'est aussi son fils, Louka, 11 ans désormais. Le garçon, qui ressemble de plus en plus à sa maman Danyellah, compagne de Michel Polnareff - mais dont le père biologique n'est toutefois pas le chanteur, est un enfant plein de vie. Il doit toutefois grandir sur une planète qui ne va pas très bien, avec l'urgence climatique qui plane : "J'adore Louka, c'est un petit bonhomme fantastique qui vit dans des conditions étranges, mais il est fort et j'ai très confiance en lui. Le réchauffement, ce n'est pas très nouveau pour moi. (...) C'est mon côté visionnaire. (...) Les thèmes [de ses chansons] restent toujours d'actualité."
Philippe Manoeuvre l'interroge aussi sur sa vision de la scène musicale française, lui qui se trouve si loin de l'Hexagone désormais. A ceux comme Benjamin Biolay et Calogero qui l'ont critiqué, il répond : "Je pense qu'ils ont toutes les raisons d'être jaloux oui. Tu me parles de gens que je ne connais pas bien..." A la question d'une chanson écrite par Pascal Obispo, celui qui apprécie Orelsan, rétorque sans fard : "Mais enfin, je ne vais pas lui demander de m'écrire une chanson que j'ai déjà écrite ! Cela dit, moi j'aime bien Pascal... Je ne peux pas ne pas aimer qui m'aime autant ! Obispo est un gentil."
Cette nouvelle page professionnelle permet à Michel Polnareff d'aller de l'avant et de s'éloigner des moments difficiles comme la Covid-19. "Horrible. Même pas envie d'en parler. Ça a été très dur pour moi. Je ne veux pas m'étendre sur le sujet, mais je n'ai pas aimé les raisons de ce confinement. Plus le temps va passer, plus tout le monde va se demander pourquoi on a dû endurer ça", témoigne-t-il avant de terminer avec un monologue désabusé, mais privé.
Polnareff chante Polnareff, un album disponible le 18 novembre
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Paris Match du 10 novembre 2022