6 avril 2005. Un "voile de chagrin", pour reprendre l'image de nos confrères de Monaco-Matin, recouvrait comme un linceul la principauté : le prince Rainier III, son fantastique bâtisseur, venait de s'éteindre.
7 avril 2015. Dix ans après la mort de l'ancien souverain, la douleur est encore tenace, et son souvenir, précieux, bien vivace. Sur la chevelure des princesses Charlene, Caroline et Stéphanie, les mantilles noires font écho à ce voile de chagrin, alors que la famille princière, Albert II de Monaco en tête, se rassemble en la cathédrale monégasque pour célébrer un grand homme, un valeureux chef d'État, un parent bien-aimé...
Une messe hommage émouvante avait lieu mardi soir, à 18h, conduite par l'archevêque de Monaco Monseigneur Bernard Barsi, acteur et témoin privilégié de tous les moments forts de la vie du Rocher : "Voilà dix ans, s'est-il remémoré au sujet de celui qui présida 56 ans durant aux destinées du pays, la mort du prince Rainier III plongeait votre famille et la Principauté dans la douleur et le deuil. Nous n'avons pas oublié ce prince que nous aimions et qui était un chef d'État reconnu et apprécié de tous." Dans l'émotion générale qui imprégnait la cathédrale Notre-Dame-Immaculée de Monaco, comble, il a porté avec le clan Grimaldi son regard sur les accomplissements, visibles partout et tout le temps, du regretté Rainier : "Sous nos yeux, nous avons constamment les réalisations qu'il a voulues pour la Principauté. Il a transformé son pays avec le souci de maintenir les spécificités monégasques. Pour le prince, c'est cet attachement profond qui a permis à la Principauté de traverser les tempêtes de l'histoire", a respectueusement scruté l'archevêque.
Au premier rang, le prince Albert II, garant d'une histoire familiale et d'un héritage moral auxquels il est extrêmement attaché, a dû apprécier, avec, à ses côtés, son épouse la princesse Charlene, qui a donné en décembre dernier au Rocher un héritier, le prince Jacques, et une future icône, la princesse Gabriella. La jeune maman, depuis la naissance des jumeaux, passe beaucoup de temps auprès de ses chérubins et compte ses apparitions publiques, mais sa présence en ce jour de mémoire était inévitable. Auprès d'eux se tenaient la princesse Caroline, entourée de deux de ses quatre enfants, le marin et mannequin au grand coeur Pierre Casiraghi, et l'étoile du patinage artistique la princesse Alexandra de Hanovre, ainsi que la princesse Stéphanie. Digne héritière de son père, dont elle perpétue en particulier l'amour du cirque et des animaux (aux petits soins notamment des éléphantes Baby et Nepal sur le domaine de Fonbonne où Rainier rejouait en son temps l'arche de Noé), cette dernière était accompagnée uniquement de sa fille Camille Gottlieb, Pauline Ducruet (qui poursuit son séjour à New York) et son frère Louis étant absents.
La famille princière, qui a partagé cette cérémonie ouverte à tous avec des centaines de personnes (personnalités officielles, anciens collaborateurs de Rainier III, employés du palais ou encore de nombreux citoyens monégasques), a pu au terme de l'office se recueillir seule dans la cathédrale, sur les tombes du prince Rainier III et de la princesse Grace. Mgr Barsi n'avait pas manqué, d'ailleurs, de souligner le "courage" et la "dignité" du défunt prince face au décès tragique de son épouse, en 1982.
Dans la foulée, le prince Albert II de Monaco se rendait au Stade Louis-II pour assister à la rencontre opposant l'ASM et Montpellier, un match en retard du championnat de Ligue 1. Depuis la tribune d'honneur, s'il n'a pas dû se satisfaire du match nul et vierge concédé par les locaux, il a pu contempler avec fierté un portrait du prince Rainier III déployé dans la tribune des ultras.
Plus tôt dans la journée, le souverain monégasque accompagnait la princesse Charlene lors de la remise des prix du 2e Rallye Princesse Charlene de Monaco au collège Charles III, qui a vu environ 400 élèves des classes de 3e des établissements scolaires de la principauté s'affronter lors d'une course chronométrée et de trois ateliers - une épreuve sportive (1 200 mètres sur rameur), une épreuve de solidarité (brancardage d'une victime au Centre de sauvetage aquatique de Monaco) et une épreuve intellectuelle (QCM).
La veille, le couple princier, qui vit provisoirement hors du Rocher en raison de travaux en cours, assurait le baptême et l'inauguration du nouveau bâtiment des Petits Quartiers du palais qui abrite la Trésorerie générale des finances et le Groupe de sécurité de la famille princière.