Mort d'Alexis Vastine : Le destin brisé d'un boxeur maudit, une famille détruite

Frappée par le deuil en début d'année suite au décès de la jeune Célie, la famille Vastine est de nouveau victime d'un terrible drame. Alexis Vastine compte parmi les morts du terrible accident d'hélicoptères qui a coûté la vie à neuf autres personnes en Argentine durant le tournage de l'émission Dropped, dont les légendes du sport Camille Muffat et Florence Arthaud. Un destin tragique pour ce boxeur belle gueule victime de terribles injustices qui l'avaient plongé dans une profonde dépression.

Une famille marquée par les drames

Samedi 3 janvier, Célie Vastine, benjamine de la famille et boxeuse comme ses frères Alexis (28 ans), Adriani (30 ans) et sa soeur Cindy (32 ans), périssait dans un terrible accident de voiture dans le Calvados. Deux mois plus tard, la famille d'Alain Vastine, lui-même vice-champion de France amateur, est de nouveau rattrapée par la mort de l'un des enfants, Alexis. Une injustice terrible que le père ne comprend et n'explique pas, lui qui se dit brisé après cette nouvelle tragédie.

Dépression et alcoolisme

Alexis Vastine avait pour lui une belle gueule, une technique exceptionnelle et une intelligence de la boxe bien au-dessus de la norme. Pourtant, le quadruple champion du monde militaire ne compte qu'une médaille olympique en bronze, lui qui rêvait tant d'une breloque olympique dorée. La faute à deux vols lors des JO de Londres en 2012 et à Pékin déjà en 2008. Les juges lui avaient donné par deux fois la défaite, décisions controversées et contestées par le clan français, qui n'avaient jamais abouti. A Londres, le public ne s'était pas trompé et avait sifflé longuement la décision, applaudissant un Alexis Vastine en larmes, allongé sur un ring qu'il refusait de quitter. "Le verdict initial est confirmé. Cauchemar", pouvait-on lire sur sa page Facebook après cette désillusion. "Je suis écoeuré, abattu, assommé. Deux fois de suite de manière aussi flagrante, je ne pouvais pas l'imaginer", avait-il ajouté.

Un rêve brisé qui avait plongé le jeune surdoué de la boxe dans une profonde dépression teintée d'alcoolisme. Pour autant, Alexis Vastine avait su affronter ses démons et les mettre KO avec un objectif, décrocher la médaille d'or aux Jeux olympiques de Rio. Un objectif qu'il n'atteindra jamais, fauché en plein vol alors qu'il avait repris un entraînement des plus sérieux.

L'hommage et l'incrédulité du monde de la boxe

Une disparition qui n'a pas manqué de susciter une vive émotion dans le monde du sport, que ce soit chez Laure Manaudou, où chez les professionnels de la boxe, dans la bouche desquels un seul mot semble revenir, injustice. Brahim Asloum, seul tricolore à avoir cumuler titre de champion olympique et du monde, évoque la force mentale d'un jeune homme qui vivait pour la boxe : "Alexis aimait la boxe plus que tout. C'était sa vie. Il y a un an, quand il était mal moralement, j'avais eu des discussions avec lui. Quand on voit les moments qu'il a traversés, ses défaites injustes aux Jeux olympiques, et qu'il est toujours revenu, il faut être costaud. Il rêvait d'être champion olympique. J'aurais aimé qu'il rapporte l'or en 2016 à Rio de Janeiro. Il méritait d'être champion olympique. Je pense à sa famille."

Fabrice Tiozzo, légende de la boxe tricolore plusieurs fois champion du monde pense avant tout aux parents du jeune boxeur. "C'est dégueulasse. Je me mets surtout à la place des parents. Il y a deux mois, ils avaient déjà perdu une fille de vingt ans. Moi qui suis père, je me demande comment ils peuvent supporter ça. Alexis était jeune, beau, parlait bien, était talentueux", lâche-t-il dans les colonnes de L'Équipe. Jean-Claude Boutier, vice-champion d'Europe et consultant incontournable qui officie sur Canal +, est lui aussi bouleversé par cette disparition tragique : "Je ne veux me souvenir que des victoires, pas des défaites. C'est trop triste, trop dur. Ce pauvre môme. Ces trois champions. J'étais allé à Pont-Audemer (Eure) voir Alexis chez lui. C'était un garçon charmant, plein de qualités."

Alexis, un destin brisé

"J'ai une immense pensée pour sa famille, ses parents, confie dans L'Equipe Dominique Nato, le DTN de l'équipe de France de boxe. C'est un drame pour cette famille qui avait déjà perdu leur fille Célie, 20 ans, début janvier dans un accident de voiture. Alexis, c'est un destin brisé. Le premier acte a eu lieu aux Jeux Olympiques de Pékin, où il est injustement battu en demi-finale, alors qu'il pouvait espérer l'or. Le deuxième se déroule quatre ans plus tard aux Jeux de Londres, où il est encore injustement battu en quarts de finale, avant le dernier acte en Argentine. C'était un boxeur d'exception, spontané, difficile à cerner, rapide, avec un coup d'oeil exceptionnel. Quand il boxait les mains en bas, il était le seul de l'équipe de France que je n'engueulais pas. Après les Jeux de Londres, il a sombré moralement, mais il a réussi à revenir au plus haut niveau, car c'était quelqu'un d'exceptionnel. Il était capable de s'arracher, de se transcender."

Mais le plus bel hommage est sans doute venu de son amie, Gwladys Epangue , star du taekwondo, seule personne à qui il s'était ouvert lors de sa dépression.