A presque 89 ans, difficile de nier que Roman Polanski est l'un des cinéastes les plus talentueux de sa génération... mais aussi l'un des plus polémiques : depuis de nombreuses années, le réalisateur est poursuivi aux Etats-Unis pour plusieurs viols et agressions sexuelles sur mineures dans les années 70. Des accusations graves, qu'il a toujours rejetées, parlant souvent de relation consenties.
Jamais retourné outre-Atlantique, où il risquerait d'être emprisonné, le réalisateur vient pourtant d'apprendre une bonne nouvelle de la part de ses avocats américains : en effet, le procureur qui a récupéré l'affaire du viol présumé sur la jeune Samantha, 13 ans, en 1977 vient d'autoriser la justice à lever la confidentialité autour du témoignage de Roger Gudson, l'un de ses anciens prédécesseurs.
Celui-ci avait, à l'époque, passé un contrat avec les deux parties : voulant éviter un procès à la jeune fille, il avait accepté d'abandonner les charges les plus lourdes contre le réalisateur. En échange, il aurait exigé que celui-ci reconnaisse une relation sexuelle avec une mineure. Mais son témoignage, frappé du secret judiciaire, n'avait jamais été diffusé et selon le réalisateur et ses avocats, l'accord n'aurait pas été respecté en entier.
Le procureur en charge de l'affaire actuellement espère sûrement ainsi faire avancer une affaire qui dure depuis près de 45 ans : même si la victime ne veut aujourd'hui plus entendre parler de l'affaire et qu'elle a retiré sa plainte il y a plusieurs années, la justice américaine ne voulait pas, jusqu'à présent, clore l'enquête sans que Roman Polanski ne revienne s'expliquer aux Etats-Unis, chose qu'il a toujours refusée de faire.
Alors, va-t-on assister à un véritable retournement de situation en faveur du réalisateur franco-polonais ? Ou sa situation va-t-elle s'aggraver ? La réponse devrait arriver bientôt, mais ne pas entamer la volonté de Roman Polanski de continuer à faire du cinéma : son prochain film, Palace, arrivera à la fin de l'année.
Et devrait, sans surprise, provoquer les mêmes réactions que le précédent, J'accuse, pour lequel il avait été décoré d'un César du meilleur réalisateur très polémique au vu des très nombreuses accusations d'agression et de viol (qui sont pour la plupart prescrites aujourd'hui). L'actrice Adèle Haenel avait notamment quitté la salle avec fracas, soutenue par la présentatrice de la cérémonie, Florence Foresti , qui n'était plus revenue sur scène après le verdict.
Mais Roman Polanski avait également trouvé des défenseurs, notamment sa femme, Emmanuelle Seigner , avec qui il a deux enfants (Morgane et Elvis, 29 et 24 ans). Celle-ci avait notamment parlé de "mensonges de folles hystériques en mal de popularité". Sa soeur, Mathilde, avait également pris son parti, tout comme Jean Dujardin, qui interprétait le premier rôle du film. Son avocat, sur le plateau de Quotidien, avait quant à lui été très clair.
"Ce n'est pas sur un plan médiatique qu'on peut répondre à des accusations publiques qui ne sont pas corroborées par des plaintes et qui ne sont pas corroborées non plus par des enquêtes. Il n'y a pas la moindre enquête en cours concernant M. Polanski", avait-il déclaré au sujet des accusations de certaines femmes françaises.
Roman Polanski reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de ces affaires.