Jeudi 8 août 2019, le cinéaste Jean-Pierre Mocky est mort à l'âge de 90 ans, à son domicile à 15h. La triste nouvelle, annoncée par son gendre Jerôme Pierrat à l'AFP, a été confirmée par son fils, le metteur en scène et comédien Stanislas Nordey.
En 2013 dans une interview à TV Mag, l'inclassable Jean-Pierre Mocky réagissait à l'absence d'hommage à la comédienne Bernadette Laffont à la télévision après sa mort et évoquait sa propre disparition : "La télé est ingrate envers certains. Elle a ses têtes. Dans le métier, quand on vieillit, on n'intéresse plus. (...) À la fin de sa vie, plus personne ne répondait à Henri Verneuil. Je me souviens de Fellini, chez qui j'étais trois jours avant sa mort. Il se plaignait que personne ne le prenait au téléphone. Je suis sûr que, quand je crèverai, personne ne s'en souciera."
Je suis sûr que, quand je crèverai, personne ne s'en souciera
La mort de Jean-Pierre Mocky émeut pourtant de nombreuses personnalités. L'ancien ministre de la Culture Jack Lang a publié un long texte sur Twitter. Sa fille, la regrettée comédienne Valérie Lang fut longtemps la compagne de Stanislas Nordey, le fils du réalisateur. Lang écrit : "La disparition de Jean-Pierre Mocky m'attriste profondément. Il m'honorait de son amitié et de sa confiance. (...) Ecorché vif et éruptif, il agaçait souvent, mais sa parole et ses mots avaient la justesse et la vérité des révoltés. (...) Véritable antidote au politiquement correct, Jean-Pierre Mocky était un personnage qui poussait le sens de l'absurde jusqu'à l'extrême. Il restera une référence incontestée pour tous les amoureux du 7e Art. Sa liberté de ton manquera." Jack Lang termine par une note plus intime : "Je pense aujourd'hui à son fils, l'homme de théâtre Stanislas Nordey qui peut compter sur tout mon soutien et mon affection."
Sur Twitter, l'ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob résume son immense carrière : "C'était un cinéaste satirique, expéditif et pamphlétaire. Il a fait tourner (vite fait) Bourvil, Serrault, Simon, Maillan, Francis Blanche, Poiret, il a eu des hauts et des bas, des oh et des ah, bagout et culot d'enfer. Un titre résume sa vie de dingue : Un drôle de paroissien." Sorti en 1963, Un Drôle de paroissien avec Bourvil et Jean Poiret est l'un des plus célèbres films de Mocky. L'actuel ministre de la Culture souligne lui aussi le caractère du cinéaste : "Jean-Pierre Mocky c'était un style, une gouaille, des amitiés, des coups de gueule et surtout du cinéma, son cinéma : unique, inclassable, provocateur et poétique. Sa liberté de ton et son regard sur le monde vont nous manquer. Je pense à sa famille et à ses proches", a indiqué Franck Riester sur son compte Twitter.
L'actrice et chanteuse Arielle Dombasle, qui a bien connu l'animal, a tweeté : "Mocky, le génial cinéaste, maître de l'indiscipline !!! J'ai tant aimé tourner avec lui..." Pierre Richard partage lui un souvenir : "Jean-Pierre Mocky aura quand même réussi à nous réunir Gérard Depardieu et moi devant sa caméra 28 ans après Les Fugitifs. Grâce lui soit rendue."
De son côté, Marc-Olivier Fogiel se souvient sur Twitter : "On aura bien rigolé ensemble cher Jean-Pierre ! Et derrière le personnage, les films, l'oeuvre... Je vous embrasse." Christian Estrosi a salué ce "gamin de Nice" : "Beaucoup d'émotion en apprenant le décès de Jean-Pierre Mocky, ce gamin de Nice laissera un vide immense dans le coeur des Niçois. Ce roublard était aussi provocateur qu'attachant. Adieu l'artiste." Christophe Beaugrand regrette la mort d'un réalisateur "génial" : "Merci monsieur Mocky pour cette folie et cette liberté qui faisaient tant de bien au cinéma français." Lââm, avec son franc-parler habituel et son naturel, salut le personnage : "Je l'adorais à la télé. Il s'en battait les couilles du système, il était trop drôle. Il me faisait beaucoup rire. Adieu monsieur Mocky." L'animateur Cyril Hanouna souligne également sa liberté de ton : "Je suis comme la plupart très triste de la disparition de Jean-Pierre Mocky que j'avais eu la chance de rencontrer. On perd une des dernières personnes qui avait une totale liberté de pensée et de ton. Un grand talent. C'est une grosse perte. Qu'il repose en paix."
Même Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français a dédié quelques mots au réalisateur sur Twitter, louant son indépendance : "Le grand, l'inégalable Jean-Pierre Mocky nous quitte et avec lui le génie d'un auteur dont les films portaient une critique comique, parfois acerbe du genre humain. Sa force est d'être resté libre et indépendant du système."